Les anglais ont un atout par rapport à nous les français. Etant à l'origine des courses et de l'essor du pur sang, ils ont une culture hippique solidement ancrée, celle des paris et du sport, alors que pour nous le développement s'est fait au fil du temps par mimétisme.
A partir du milieu du XIXe Siècle, une rivalité aurait du se développer entre les deux nations mais le fort protectionnisme français ne l'a pas réellement permise. En effet, les anglais ne pouvaient courir que le Grand Prix de Paris alors que rien n'était interdit aux français (ce fut d'ailleurs un cheval anglais qui gagnera la première édition en 1863) .
L'ouverture des courses des chevaux anglais en France ne sera que progressive pour ne devenir totale qu'en 1946, jusqu'aux classiques (la première anglaise à gagner le Prix de Diane sera Highclere en 1974 et le premier anglais à gagner le Jockey Club sera Old Vic en 1989).
Après des victoires dans la Goodwood Cup, le premier point culminant de la relative "domination" française chez les anglais sera la triple couronne de Gladiateur du Comte Frédéric de Lagrange en 1865 (qui gagnera également quatre éditions des Guinées).
Jusqu'à la fin du XXe Siècle, il y aura de belles victoires avec Reine (Guinées, Oaks) dont la mère Fille de l'Air avait déjà gagné les Oaks. Chamant, Camelia (Guinées). Verneuil qui remportera la Gold Cup, le Gold Vase et l'Alexandra Plate à Royal Ascot. Et puis La Flèche, lauréate des Guinées, Oaks et du St Leger ainsi que seconde du Derby. Ensuite les incursions des chevaux français en Angleterre seront plus rares.
Dés 1928, elles reprirent avec les victoires de Rodosto, Kanfy, Mesa dans les Guinées, Brûlette dans les Oaks et Bois Roussel dans le Derby. Et surtout grâce à Marcel Boussac qui sera celui des propriétaires qui s'imposera le plus en Angleterre. Jusqu'en 1938, il gagnera quelques belles éditions des Guinées, St James et Champion Stakes. Puis, après la Guerre, avec son entraîneur Charles Semblat il continuera à y gagner de grandes épreuves (plus d'une vingtaine) jusqu'au début des années 50. Il sera ensuite relayé par Alec Head et François Mathet avec des chevaux issus de l'élevage Wertheimer et Aga Khan.
Pendant que les chevaux français continuaient à gagner en Angleterre jusqu'au début des anneés 60, les anglais furent peu nombreux à courir en France, et ce n'est seulement qu'au début des années 70 qu'ils commencèrent réellement à venir chez nous gagner de belles épreuves, époque où nous, français, avons commencé à décliner et moins gagner chez eux (seulement huit victoires entre 1964 et 1973).
Malgré quelques belles années comme en 1974 avec Nonoalco, Dahlia et en 1976 avec Pawneese et Empery, la fin des années 70 et le début des années 80 ne furent pas très brillantes pour les français (quelques victoires dans les Champion Stakes et les Guinées pour François Boutin, François Mathet et C.Head-Maarek). 1985 aura même été une année sans une seule victoire de Groupe pour les chevaux français.
Les années 90 furent un peu meilleures, notamment avec l'excellente année 1993 et des victoires dans les Guinées, Oaks, St James, Coronation, Sussex, Queen Elizabeth II et Champion Stakes. Performance qui n'a plus été réalisée depuis.
Entre 1994 et 2003, ce sera encore une période assez terne sauvée principalement par des victoires d'André Fabre, John Hammond et C.Head-Maarek. Jusqu'à l'année 2004 qui sera sans une seule victoire...
Depuis 2005, les français font un peu mieux et gagnent 4-5 épreuves de Groupe par an. Avec en tout et pour tout, depuis 1994 jusqu'à ce jour, un seul Derby et quatre éditions des Guinées, soit cinq fois moins que de 1946 à 1965. Performances homogènes et plutôt correctes étant donné le nombre de partants présentés, mais qui attestent que ces victoires sont plutôt visées par opportunisme et non plus avec le projet d'affronter les chevaux anglais (via leur programme) sur leur propre terrain avec nos meilleurs chevaux.
Victoires des chevaux français dans les épreuves de Groupe en Angleterre