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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 257

Publié le 10 décembre 2017 par Antropologia

Devant ou derrière

Le carré dessiné, les chefs de ligne désignés, chaque chasseur s’installe à son poste. Il ne reste qu’à lâcher les chiens car il s’agit d’une battue aux sangliers, ce gibier qui va jusqu’à terroriser les gens des villes quand ils labourent les pelouses de leurs villas. Je m’installe à la place qui m’est attribuée, le bord d’un champ, face à de jeunes pins envahis de broussailles. C’est évidemment là où  se cache le gibier.

Même si c’est interdit (on veut nous interdire de bouger au nom de la sécurité), je parcours l’espace que je m’approprie afin de repérer les vióts, les passages de tous les animaux, quand je vois mon voisin, dos aux pins, tourné vers le champ : lui applique les règles, tirer les sangliers après qu’ils aient franchi la ligne des chasseurs. Ce qui se passe avant, semble peu l’intéresser.

Mais moi, je veux chasser, non tuer des bêtes, prévoir le chemin par lequel elles vont venir, les entendre arriver – les sangliers font beaucoup de tapage – anticiper le moment où je pourrai les viser, savoir d’où elles viennent, où elles vont, essayer de comprendre, modestement, leur comportement.

Je pratique la chasse, non le tir mais je crains que cette attention à la vie des animaux fussent-ils sauvages, soit passée de mode. Il faut s’attendrir sur leur mort mais pas comprendre leurs manières de se comporter (hors zoos ou abondantes émissions animalières de la TV) mais ne pas hésiter à les abattre quand ils labourent nos pelouses urbaines. Sont-ils si peu « télégéniques » ?

Bernard Traimond



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