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D'Holbach précurseur de la laïcité.

Publié le 13 décembre 2017 par Micheltabanou

Dans la dernière section du Supplément à la cruauté de la Religion de son " DE LA CRUAUTE RELIGIEUSE " , le Baron d'Holbach esquisse la sculpture d'une première pierre de ce qui un peu plus d'un siècle plus tard sera appelé Laïcité c'est à dire cette nécessaire séparation des églises et de l'état. Ce texte est le premisse d'une évolution qui libérera les esprits et accordera la plénitude de la liberté de pensée. C'est un condensé de libre conscience et un plaidoyer pour se libérer du carcan des obscurités et du joug exercé par les ecclésiastiques sur le peuple en abusant de sa crédulité et en le menaçant des pires châtiments en cas de refus de se plier.

Ce texte a été publié pour la première fois en 1775. Et mettons en lumiere que plusieurs de ses ouvrages furent condamnés et qu'il furent publiquement brûlés pour la satisfaction morale de l'église. Église qui n'a jamais fait repentance de ces actes de barbarie contre la pensée pour protéger leur livre unique. Jamais.

" Des remèdes que l'on peut opposer à la persécution. Les causes de la persécution religieuse ayant été si évidemment exposées, il est aisé d'en découvrir les remèdes; il serait à souhaiter que l'on voulût les appliquer aussi promptement qu'ils sont faciles à connaître. Les remèdes qui paraîtraient les plus efficaces et les plus naturels seraient premièrement de ramener la religion à ses premiers principes, de la dégager des superfluités dont des imposteurs l'ont surchargée, en vue de leurs propres intérêts. En second lieu, il serait bon de réduire les ecclésiastiques au revenu qui serait absolument nécessaire: l'état en s'emparant de leurs biens énormes pourrait leur accorder une subsistance honnête, sans souffrir jamais qu'ils vécussent dans le luxe et la pompe, qui non-seulement sont peu convenables à leur profession, mais encore qui sont les sources d'une infinité d'abus et de calamités. En troisième lieu, le souverain devrait punir et réprimer avec sévérité comme de vrais criminels, comme des perturbateurs du repos de la société, tous les prêtres qui par leurs sermons ou leurs écrits travailleraient à rendre les hommes odieux les uns aux autres pour leurs opinions religieuses. En quatrième lieu, les princes ne devraient jamais prendre parti dans les démêlés obscurs des théologiens; ils devraient protéger également tous les citoyens utiles et honnêtes et ne jamais s'occuper de leur façon de penser, dans laquelle, sans tyrannie, ils n'ont pas le droit de fouiller; enfin ces princes devraient bien se garder de confier jamais aucun pouvoir à des prêtres. Nous ne doutons pas que la méthode que l'on propose ne déplaise au plus grand nombre des membres du clergé, mais nous ne pouvons douter qu'elle ne soit applaudie par tous ceux en qui l'intérêt et les passions n'auront pas totalement éclipsé les sentimens de la raison et de l'humanité. Il est certain que l'opposition de ceux qui méconnaissent des sentimens si légitimes, ne servirait qu'à prouver de plus en plus la nécessité de limiter leur pouvoir. Une raison très forte semble encore devoir y déterminer, elle est dictée par l'expérience. A-t-on jamais vu un corps de gens d'église jouir du pouvoir sans en abuser? Il n'est pas douteux que dans le clergé protestant de l'église anglicane il se trouve quelques hommes éminens par le savoir et la piété; cependant ne voyons-nous pas que ce clergé toutes les fois qu'il a joui du pouvoir en a fait un usage très criminel? J'en appelle à ceux de ses membres qui ont de la bonne foi et de l'humanité; ils rougiront pour leurs confrères des actes de tyrannie qu'ils ont tant de fois évidemment exercés. Souvent ils ont persécuté les hommes les plus distingués, par leurs vertus et leurs lumières; au point que l'on aurait lieu de soupçonner que ce sont ces qualités mêmes qui les rendaient odieux à leurs confrères. Si un clergé aussi bien composé que celui-là s'est souvent rendu coupable d'excès révoltans, n'est-il pas évident que le pouvoir n'est nullement fait pour les prêtres? Une nation libre ne doit avoir des tyrans d'aucune espèce; la tyrannie sacerdotale n'est faite que pour des esclaves de la tyrannie politique; un citoyen honnête doit jouir de la liberté de penser ainsi que de celle qui regarde sa personne et ses biens. Dans un état bien constitué tout homme qui agit bien doit jouir de la sûreté. J'observerai encore qu'un excellent moyen d'empêcher la persécution serait d'obliger les prêtres à prêcher la morale, l'humanité, la charité, la concorde, au lieu d'entretenir les peuples de questions obscures de théologie, qui, n'étant point comprises par ceux-mêmes qui les débitent, le sont encore bien moins par ceux qui les entendent. Que les ministres du Dieu de paix ne soient plus les trompettes de la fureur, les organes de la discorde, qu'ils apportent la paix sur la terre et qu'il ne leur soit plus permis de sonner le tocsin de la sédition, d'allumer des haines inextinguibles, d'apprendre aux hommes à se détester pour des opinions inutiles aux mœurs et au bien-être des nations. En un mot que les guides des peuples n'aient plus le droit de les conduire à l'erreur, ni de leur persuader que pour plaire à la divinité ils doivent violer les loix les plus saintes de l'humanité. Quand nos prêtres se tenant dans les bornes du pouvoir spirituel se conduiront d'une façon propre à servir d'exemple aux autres ils n'en seront que plus respectés; on les regardera comme les bienfaiteurs du genre humain; privés du pouvoir de nuire ils n'auront que celui de faire du bien. Quel service plus essentiel et plus réel peut-on rendre au genre humain que de lui persuader de renoncer pour toujours à ses haines, à ses animosités, à la persécution, et de vivre dans l'union, la concorde et la paix? "


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