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[Redite] Abaissement des vitesses routières : parce que l’automobiliste est un délinquant qui s’ignore

Publié le 17 décembre 2017 par H16

Article initialement paru le 10.12.2014

Il y a trois ans, on en parlait déjà : et si on abaissait la vitesse maximale sur les routes de France ? Depuis, le sujet a progressé et finira bien par s’imposer à tous, d’une façon ou d’une autre, soit par la loi, soit par la faillite complète de ce pays qui obligera les citoyens à se déplacer exclusivement à pied, posséder une voiture ou de l’essence devenant un luxe inabordable…

En Socialie française, la marche vers le progrès est parfois malaisée, mais elle n’en persiste pas moins. Et comme le progrès implique que tout le monde arrive à bon port sans la moindre égratignure, épargné par tous les bobos de la vie, y compris et surtout ceux qui lui donnent son intérêt, on évitera donc de s’y précipiter. C’est pourquoi le gouvernement a décidé de réduire les vitesses maximum autorisées sur le réseau secondaire.

Oh, pour le moment, il s’agit simplement, comme l’explique le Ministère, d’un test, limité à quelques routes et puis c’est tout. Bernard Cazeneuve, le chips mou qui sert de prétexte au maroquin de l’Intérieur, l’a confirmé mercredi dernier. C’est important pour lui, cette notion de test, parce que cette mesure est très impopulaire même si des « experts » (toujours les mêmes) prétendent qu’une telle réduction permettrait d’épargner de 350 à 400 vies par an.

En effet, Hollande s’est trompé de courbe puisque la seule à s’être inversée récemment est celle de la baisse de la mortalité routière. Ceci a entraîné une augmentation assez sensible de la pression des pouvoirs publics sur les routes de France, pression largement entretenue par les habituels lobbies d’acharnement anti-automobilistes au premier rang desquels on trouve une Sécurité Routière pour laquelle tant qu’un véhicule roule, un danger existe.

La lutte contre le conducteur automobile continue donc, sans relâche. Et pendant qu’on continuera à l’espionner, le traquer, en mesurer la vitesse et le nombre de points sur son permis, on en profitera aussi pour le poursuivre de taxations et de malus à l’achat pour avoir eu l’impudence de choisir un véhicule diesel, sachant que le véhicule essence sera, lui, tabassé de ponctions au moment du passage à la pompe. L’interdiction du diesel est pour bientôt.

Moyennant quoi, l’ex-automobiliste, échappant à l’opprobre et à la ruine que constitue une voiture (hideux engin d’individualisme pollueur !), pourra se jeter joyeusement sur les vélos que les municipalités lui mettront à disposition, pour profiter de l’affabilité des agents de police locaux qui lui remonteront les bretelles et lui grignoteront le portefeuille par le truchement d’amendes spéciales, amplement méritées pour avoir voulu, encore une fois, se rendre du point A au point B en toute indépendance.

Voyons le bon côté des choses : la marche vers le progrès, déjà fort chaotique, se fera dorénavant sur des vélos, non polluants, ultimement respectueux des codes routiers qu’il sera d’autant plus facile à honorer qu’il n’y aura plus de voitures.

cat deal with it

Tout ceci est bel et bon, et on voit d’emblée qu’une fois le diesel interdit, les routes limitées à 0 km/h (seule limitation en mesure de garantir que plus personne ne mourra par la vitesse en voiture) et les vélos apprivoisés, le monde en sera plus calme, plus serein et plus apte à fournir cette sécurité qui semble tant manquer à cette frange de la population qui a décidé pour tous ce qui est bon pour nous.

Pourtant, comme le rappelle un récent article paru sur Contrepoints, d’autres pays ont déjà testé des mesures sensiblement différentes. Ainsi, l’Angleterre et l’Allemagne, dont les vitesses maximales autorisées sur l’infrastructure routière secondaire sont supérieures à 80 km/h (60 mph pour l’Angleterre, et 100 km/h pour l’Allemagne), montrent tous les jours qu’une vitesse supérieure n’est pas synonyme d’accidents plus nombreux (d’ailleurs, en Allemagne, 66% du réseau autoroutier est sans limite de vitesse). Ainsi, le Danemark a choisi d’augmenter la limitation de vitesse sur son réseau principal sans pour autant constater un désastre humain. Du contraire, même : ce pays a divisé par deux la mortalité de ses routes.

Pourtant, à part cogner sur l’automobiliste en le pourchassant avec des radars, des forces de l’ordre certainement plus utiles ailleurs, et des ponctions qui abondent au tonneau public des Danaïdes, il existe probablement d’autres méthodes, d’autres solutions pour obtenir le résultat affiché officiellement. Tiens, par exemple, et si on faisait un peu confiance aux conducteurs pour se responsabiliser, une fois de temps en temps ?

no-way

Bien sûr, il semble absolument évident que sans bornes, sans limites, sans signalisation pléthorique, sans interdictions multiples et décrites dans d’épais textes de loi, chaque individu, mis au volant d’une voiture ou à bord de son vélib bi-turbo jantes alliage, va immédiatement se transformer en monstre homicide aux instincts psychopathologiques débridés ! C’est d’ailleurs ce qui s’est passé dans certaines villes (comme ici, aux Pays-Bas) où on a choisi d’abolir la signalisation routière et où le massacre routier a pris des proportions inouïes. Ou encore, dans les pays où, précisément, on n’a pas trop les moyens de dilapider de l’argent public en infrastructure de signalisation coûteuse et où les conducteurs sont livrés à eux-mêmes pour décider de la marche à suivre et de la sécurité à respecter. Et là, c’est le drame (évidemment !) …

En outre, on ne peut pas s’empêcher de penser que l’infrastructure elle-même, soigneusement mise à l’écart de toute discussion de fond concernant la sécurité routière, a tout de même un petit rôle à jouer. Comment ne pas constater que nombre de passages à niveau sont encore mal ou peu protégés en France et qu’ils sont la cause d’accidents fréquents, souvent mortels ? On n’entend pas trop la Sécurité Routière se plaindre de la vitesse des trains qui viennent pourtant méchamment heurter les cyclistes, voitures et autres camions coincés à ces points noirs… Et puis tant qu’on y pense, difficile de ne pas noter que la mortalité au kilomètre parcouru est bien inférieure sur les infrastructures autoroutières que sur les autres, ce qui montre de façon pourtant limpide que la vitesse n’est pas le facteur principal dans la mortalité routière.

À tout prendre, la baisse de vitesse sur l’infrastructure à dépendance de l’État aurait tendance à indiquer surtout que ce dernier n’ose plus laisser les gens rouler à une vitesse normale, celle observée dans les autres pays en tout cas, car il n’aurait plus confiance dans son infrastructure. Et comme c’est à lui que revient la responsabilité de l’entretenir, on peut supposer sans mal qu’elle se dégrade suffisamment pour qu’il ait trouvé cette solution, assez médiocre, pour contourner le problème : grâce à l’application de la sécurité routière, pouf, c’est magique, on roulera moins vite sur une infrastructure dégradée qu’on pourra conserver en état médiocre plus longtemps.

Bonus non négligeable : les amendes ainsi provoquées par les abaissements ridicules de vitesse permettront de renflouer un peu les caisses de l’État, et de faire pourchasser les affreux délinquants routiers par une police et une gendarmerie qui n’a pas prouvé toute son efficacité au contact d’autres types de gentils délinquants (très jeunes et/ou turbo-récidivistes).

Efficacité avant tout !

[Redite] Abaissement des vitesses routières : parce que l’automobiliste est un délinquant qui s’ignore

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