En premier lieu, les grands Etats de la planète ont eu à faire face à l’une des plus graves crises économiques de leur histoire, conduisant à une accélération de l’endettement des Etats. Avec un niveau moyen de 60% en 2007, le ratio dette/PIB avoisine, voire dépasse dans certains pays, la barre des 100%. Seule la Russie affiche un ratio extrêmement bas de 14%. En second lieu, la diffusion d’un nouveau mode de consommation et une plus grande communication entre consommateurs leur a redonné le pouvoir. Les outils de cette transformation sont Internet et les réseaux sociaux. Une concurrence effrénée entre les modes de distribution traditionnels et le e-commerce a rebattu les cartes en faveur des nouveaux modes de distribution. L’impact à la baisse de l’indice des prix a été considérable. En troisième lieu, le corolaire de la crise économique est l’accroissement d’un chômage de masse bloquant toute velléité de hausse des salaires première cause inflationniste. Enfin, les ravages de la crise des subprimes qui a laminé la croissance mondiale passant de 5,60% en 2007 à 3,60% prévu pour 2017. Cette crise a provoqué avec un effet retard (2014) l’effondrement du prix des matières premières, notamment de l’énergie. A cela est venu s’ajouter des conditions climatiques exceptionnelles en 2015 et 2016 favorisant une forte production de grains de mauvaise qualité. Les conditions requises étaient réunies pour un effondrement du prix des matières premières agricoles.
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Par ailleurs, les acteurs privés des pays développés et émergents sont fortement endettés. Cette dette est majoritairement contractée à taux variable, toute remontée de l’inflation conduirait à renchérir le budget des ménages consacré à la charge de la dette et à réduire leur consommation. Rappelons que si le stock de dettes détenu par les ménages américains ramené au revenu disponible est bien inférieur à ce qu’il était avant la grande crise de 2008, son volume a dépassé celui qui préexistait en 2007 ! Il en va de même pour les entreprises qui ont regagné en profitabilité en partie grâce à la baisse des charges financières due à la baisse de l’inflation (cf. Italie). Les financements à taux réels et nominaux bas favorisent l’innovation, l’investissement et la rentabilité des projets. Les banquiers centraux sont arqueboutés sur une inflation cible à 2%. Et si 1,50% était la norme, ne serait-on pas plus serein vis-à-vis de la normalisation de la politique monétaire ? En effet, la cible de 2% a été fixée il y a plus de quinze ans alors que la croissance était bien plus élevée et que l’économie évoluait encore dans un modèle traditionnel, avec des stocks de dettes infiniment plus bas et une meilleure capacité des entreprises à fixer leurs prix. Ne peut-on prospérer avec une inflation plus basse donnant plus de visibilité aux acteurs économiques ? La croissance doit reposer sur des bases stables pour prospérer, que ce soit en matière d’inflation, de règlementation ou de fiscalité. Nous entrons progressivement dans une phase de plus grande maturité économique. Ne boudons pas notre plaisir !
A propos de l'auteur : Daniel Gerino est président et directeur de la gestion de Carlton Sélection.
