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Transferts (Saison 1, 6 épisodes) : la morale du corps et de l'âme

Publié le 22 décembre 2017 par Delromainzika @cabreakingnews


Arte a démontré au fil des années qu’elle voulait se démarquer en matières de créations originales. Transferts est sa dernière offre et sûrement l’un des rares chef d’oeuvre que l’on a pu voir depuis le début de l’année dans l’Hexagone. Les chaînes françaises aiment encore trop les séries policières pour se frotter à des genres comme celui de la SF mais Arte aime le faire. On avait eu Trepalium, avec l’intérêt qu’on peut lui donner pour continuer à ouvrir une voie, mais bon on peut rêver de mieux. La série cherche alors à parler du besoin de l’espèce de survivre et de prolonger la vie autrement d’une façon ou d’une autre. Du coup, une série de SF qui parle de vie éternelle, c’est assez logique et cela a du sens. Transferts se veut réaliste, située dans un futur très proche, afin de poser les bonnes questions sur notre société actuelle d’un point de vue un peu abstrait par moment. Mais le monde dans lequel on nous plonge n’est pas très différent de celui dans lequel on vit actuellement alors les personnages deviennent plus vite attachants. Dans ce futur, sauvegarder l’esprit de quelqu’un dans le corps d’un autre est possible. C’est plus ou moins le pitch de Renaissances avec Ryan Reynolds et Ben Kingsley (et qui pour le coup était assez mauvais sur bien des points).  

Cependant, c’est une science qui a ses défauts ici et l’on est loin des raccourcis du film dont je parle plus haut. Du coup, ces transferts sont devenus illégaux sauf qu’ils se pratiquent encore de façon souterraine. La série choisit alors de discuter de ce problème sous la forme d’un débat au coeur d’une intrigue. Le débat est alors servit par cette jolie métaphore qui fonctionne plus que l’on ne pourrait l’imaginer. On parle alors d’une certaine façon de contrôle des libertés individuelles (et si l’on avait envie de devenir un hôte ?). Mais le propos va bien au delà puisque nous avons notre héros, Florian, ébéniste, père, qui se retrouve dans le corps de Sylvain, un policier à la tête du B.A.T.I, la brigade qui traque ces transferts de personnes illégaux. Transferts mélange alors les genres, celui de la série policière, la SF, la série humaniste et le débat sociétal. Arieh Worthalter est alors parfait dans la peau de ce double personnage. Au fil des épisodes, le chaos dans lequel la série le plonge fonctionne et sort un peu du commun par rapport à ce que l’on pour habitude de voir dans le genre. La série est inventive et sait véhiculer des émotions. C’est donc dans la pure tradition de la SF qu’elle se développe et qu’elle fonctionne. Le seul truc que je trouve dommage en dehors du personnage de Florian/Sylvain, c’est le manque de subtilité dans certains seconds rôles.

Disons que Transferts avec ses autres personnages écume alors pas mal de trucs que l’on a déjà trop vu ailleurs. Mais cela ne gâche pas pour autant le visionnage, fluide jusqu’au bout. Mais ce qui fait plaisir dans Transferts, ce n’est pas forcément ces personnages là, mais plutôt sa façon de proposer une vraie réflexion de fond au travers ses dialogues et son histoire. Le propos devient alors philosophique et pose des questions éthiques avec le libre jugement de chacun des téléspectateurs. La religion est elle aussi au coeur de ce récit, permettant de remettre sur le devant de la scène un débat complexe sur la séparation du corps et de l’âme. Il y a un côté politique aussi dans ce récit, notamment dans sa façon de mettre en scène des militants, des stratégies, des financements étranges, etc. La comparaison politique est donc visible du début à la fin de la saison. Je dois avouer que j’avais un peu peur que cela soit des échecs comme Trepalium que je n’ai pas totalement trouvé  la hauteur des attentes qu’elle a suscité. Par ailleurs, le cliffangher de fin de la saison laisse imaginer une seconde saison de façon assez intelligente. Il y a une ambition nouvelle qui se dessine et les personnages vont pouvoir rebattre leurs cartes si jamais Arte décidait de commander une seconde saison.

Note : 8/10. En bref, une bonne idée bien exploitée avec des vraies questions de fond, comme de la bonne SF.


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