La période de l'Avent est traditionnellement celle où les gouvernants cherchent à faire oublier les malheurs (misères) des mois précédents, qu'ils soient politiques, sociaux ou économiques. Il est vrai qu'après avoir voté (sic !) un train de mesures qui aggraveront la perte de sens au travail, il devenait indécent de continuer à parler au mois de décembre de l'emploi stable alors que celui-ci joue à l'Arlésienne. Pourtant, à entendre certains médias, la reprise économique est enclenchée, et chacun se gausse des chiffres de la croissance ou de la hausse des marchés financiers. C'est pourquoi, après un billet sur la TVA et les paradis fiscaux, j'ai décidé de consacrer ce billet de Noël à quelques précisions importantes...
Quand les marchés vont, plus rien ne va !
Le graphique ci-dessous nous montre que depuis la crise de 2008, le marché des actions en France a régulièrement progressé et tutoie à nouveau les sommets :
[ Source : Boursorama.com ]
Aux États-Unis, pays d'où est partie la crise, l'évolution est encore plus impressionnante pour l'indice S&P 500 :
[ Source :Boursorama.com ]
On croirait même qu'il n'y a jamais eu de crise en 2007... Bref, au royaume des boursicoteurs la mer est lisse. Sauf qu'à ces niveaux de valorisation des actions, il est bon de s'attendre à un nouveau tsunami ! En effet, il devient difficile d'imaginer encore une forte progression, d'autant que l'économie réelle américaine n'est pas au diapason (croissance qui ralentit, tassement des commandes de biens durables, recul de la construction immobilière, recul des profits après taxes, intérêts et dividendes, etc.).
L'existence d'une bulle sur les actions est donc fortement suspectée, ce que confirme du reste le ratio de Shiller. Bref, quand les marchés vont trop bien, rien ne va dans l'économie !
La croissance est-elle revenue ?
Il est certain qu'à court terme l'activité reprend du lustre dans la zone euro, comme à peu près partout dans le monde, comme le montrent les prévisions de croissance de l'OCDE pour 2018 :
[ Source : OCDE ]
Les lignes horizontales correspondent au taux de croissance annuel moyen du PIB sur la période 1987-2007, ce qui fait dire à certains qu'il reste encore des marges de progression dans de nombreuses régions du monde. Outre que ce raisonnement laisse croire à tort que le passé peut se reproduire à l'identique, il méconnaît surtout la réalité de la croissance à long terme, qui dépend avant tout de la population active et des gains de productivité. Or, c'est peu dire que cette dernière composante est en berne actuellement... Rien d'étonnant donc à ce que les prévisions fassent état d'un taux de croissance plus faible dès 2019, qui devrait probablement atteindre son potentiel de seulement 1 % très rapidement !
Une dangereuse concentration des richesses
Il est cependant certain que pour une infime minorité de la population tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, conformément aux enseignements de la théorie panglossienne. En effet, et ce sera l'objet d'un prochain billet, les richesses se concentrent dangereusement entre peu de mains :
[ Source : WDI ]
Las, a contrario, l'immense majorité des ménages a plutôt le sentiment que sa situation se dégrade inexorablement, comme le confirme notamment la répartition des revenus en France :
[ Source : France Culture ]
Et quant au patrimoine en France, tandis que les 10 % les plus riches détiennent près de la moitié du patrimoine en 2015, les 10 % les plus pauvres n'ont pour ainsi dire rien !
Joyeux Noël tout de même !
Bref, en dehors de ces petits riens que nous venons d'évoquer et qu'il faut hélas déplorer puisqu'ils délitent la société, tout va très bien Madame la Marquise en 2017 comme en 2016 :
Sur ce, je vous souhaite tout de même un joyeux Noël et vous retrouve la semaine prochaine pour le dernier billet de l'année 2017 !
Et comme il est toujours bon d'enfoncer une porte ouverte quand tout le monde la voit fermée, n'oubliez pas que le plus beau cadeau de Noël que vous puissiez faire aux autres est votre présence !