La pollution atmosphérique juste avant ou après la conception augmente le risque de malformations congénitales confirme cette étude de l'hôpital pour enfants de Cincinnati, qui vient ainsi ajouter à la preuve de ses multiples effets néfastes de cette exposition chez le fœtus et l'enfant, lors d'une fenêtre critique de leur développement. A nouveau en cause dans ce risque de fente labio-palatine ou d'anomalies cardiaques, les particules fines, qui peuvent se déposer profondément dans les voies respiratoires inférieures et dans le système circulatoire du fœtus.
Le fardeau associé à l'exposition à la pollution durant la grossesse est aujourd'hui bien documenté, avec les risques de prématurité, de faible poids de naissance, de malformations congénitales, de retards et troubles du développement, de séquelles respiratoires et de syndrome métabolique... Des travaux présentés dans la revue Particle and Fibre Toxicology ont expliqué comment les nanoparticules inhalées traversent le placenta et atteignent le sang fœtal. De multiples études ont ainsi porté sur les risques pour le bébé d'une exposition de sa mère à la pollution durant la grossesse et toutes s'accordent pour conseiller aux femmes, durant la grossesse, d'éviter toute exposition à la pollution, et notamment à ses particules fines. Cette étude y contribue en confirmant que l'exposition in utero à la pollution de l'air juste avant la conception ou au cours du premier mois de grossesse entraîne, chez l'enfant, un risque accru de malformations congénitales, dont de fente labio-palatine ou d'anomalies cardiaques. Si l'augmentation du risque peut sembler modeste, l'impact possible en population générale, compte-tenu d'une exposition quasi-systématique est sérieusement à prendre en considération en santé publique.
Le Dr Emily DeFranco, médecin au Cincinnati Children's Hospital Medical Center et auteur principal permet, avec son étude, de préciser la fenêtre d'extrême vulnérabilité à cette exposition, soit le mois qui précède et suit la conception. Pour mener l'étude, les chercheurs ont utilisé des données de naissances du Département de la santé de l'Ohio et des données sur les concentrations de particules provenant des 57 stations de surveillance de l'Environmental Protection Agency des États-Unis dans tout l'état. Ils ont rapproché ces données de manière à estimer le niveau d'exposition de la mère durant sa grossesse.
Plus de PM2,5, plus d'anomalies : L'analyse constate en effet que,
- le niveau moyen de PM2.5 pendant la période de péri-conception de l'échantillon étudié s'élève à 13,8 μg / m3 ce qui est légèrement inférieur à la norme de l'Environmental Protection Agency pendant la période d'étude (15 μg / m3).
- Les naissances avec anomalie congénitale sont associées à un niveau d'exposition moyen aux PM2,5 plus élevé que les naissances exemptes d'anomalies pour tous les mois autour de la conception ;
- l'anomalie la plus fréquemment retrouvée est la fente labio-palatine, suivie par des anomalies de la paroi abdominale ;
- ces naissances avec anomalies congénitales sont plus fréquentes chez les jeunes mères de 18 ans et moins, d'ethnie blanche non hispanique, à faible niveau d'éducation et à statut socioéconomique faible ;
- enfin, le tabagisme et le diabète sont 2 facteurs confirmés comme significativement associés à l'incidence d'anomalies congénitales ;
- le taux d'anomalies congénitales est plus élevé parmi les grossesses avec diabète prégestationnel, atteignant 7,1 cas pour 1.000 naissances vivantes.
Équipe de rédaction Santélog