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L’Art du pastel. Portrait d’une technique

Par Balndorn
L’Art du pastel. Portrait d’une techniqueLéon Lhermitte, La moisson. Les lieuses de gerbes, 1897. Pastel. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais © Petit Palais / Roger-Viollet
Les expositions du Petit Palais ne manquent jamais d’inventivité. À côté de monographies de peintres oubliés (dont la dernière en date portait sur le Suédois Anders Zorn), le musée des Beaux-Arts questionne des sujets plus techniques. L’Art du pastel. De Degas à Redonfait partie de ceux-là. Une seule technique, pour une profusion d’usages.
La redécouverte du pastel
Plus parlante que les cartels, la scénographie plonge physiquementle public dans la singularité du pastel. Par sonexécution plus rapideque la traditionnelle peinture à l’huile, le pastel a vu, après un vif intérêt au XVIIIesiècle, reprendre des couleurs au siècle suivant. Les avants-gardes ont vitecompris l’enjeu que représentaient ces petits crayons pour l’émancipation des peintres vis-à-vis des pesantes académies : avec un matériel si léger, on peut peindre bien plus facilement en plein-air, et saisir sur le vif les sensations éphémères. Les peintres réalistes, réunis dans les premières salles, sont les premiers à renouer avec la technique, aussi bien pour approcher les paysans (la documentation des travaux des champs chez Léon Lhermitte, les portraits intimistes de Louise Breslau) et les sortir des clichés idylliques que pour capturer des effets de lumière, à l’instar des grandes toiles nocturnes du paysagiste Alexandre Novals.Une telle exposition ne se contente pas de dresser une chronologie linéaire du pastel au XIXsiècle. Si le parcours suit globalement le fil de l’Histoire, la multiplication des petites salles, des recoins et des tableaux cachés fracture l’idée d’une téléologie, d’un progrès continu de l’art. Au contraire, on voit que le pastel suscite une kyrielle d’expérimentations, propres à chaque artiste. Ainsi, si les impressionnistes ont eux aussi usé du pastel pour peindre en plein air, ils y cherchent avant tout la chaude matérialité des couleurs pour restituer les sensations subjectives du monde, tels les croquis à la va-vite d’un Armand Guillaumin, à la différence du souci documentaire des réalistes et naturalistes.
Le pastel, champ d’expérimentations formelles
Au fur et à mesure des salles, on observe cependant une tendance : la précision réaliste des débuts s’efface peu à peu face à un certain formalisme. Peintres mondains et symbolistes distinguent dans le pastel la délicatesse de ses traits. De cette caractéristique découle une esth-éthique vaporeuse, où les contours des figures se troublent et les couleurs se noient, qui vaut aussi bien pour les portraits bourgeois de Charles Léandre, qui s’adonne aussi au mysticisme, qu’aux êtres mangés de lumières et de couleurs que dessinent un Odilon Redon ou un Ker-Xavier Roussel.Pareille exposition a un impact qui dépasse le seul pastel. Par la richesse et la diversité des œuvres présentées, elle invite à penser un outil, une technique ou un sujet de manière bigarrée. Comme le pastel, aucune technique n’a jamais subi qu’un seul emploi. C’est au contraire comme terrain d’expérimentations formelles qu’il faut envisager chacune d’elles. Ainsi déconstruit-on l’image monolithique de l’usage dominant, à qui l’on redonne une histoire en le comparant à d’autres maniements, qu’en retour on tire de l’oubli.L’Art du pastel. Portrait d’une techniqueKer-Xavier Roussel, Pêche bucoliquePastel. © Petit Palais / Roger-Viollet 
L’Art du pastel. De Degas à Redon, au Petit Palais jusqu’au 8 avril 2017
Maxime
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