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La griffe, d'Anaïs Carron

Publié le 31 décembre 2017 par Francisrichard @francisrichard
La griffe, d'Anaïs Carron

Ce recueil de petits textes en prose poétique comprend trois parties:

- Brèves

- Portraits

- Épisodes

Le mot qui semble le plus employé par Anaïs Carron dans ces textes (qui font penser à ce que sont les miniatures en peinture) est corps.

Dans Brèves le mot apparaît la première fois dans Chair:

Mon ventre nu se frotte au drap. Partage sa moiteur. Je dessine son corps, sa peau lisse et tendue, sous le secret de mes paupières. Le souffle sec et dru, je baise le souvenir de sa chair.

Quand le mot corps (ou un mot qui se substitue à lui, tel que chair ou peau) ne figure pas dans un texte, ce sont, presque à chaque fois, des fragments de corps qui l'évoquent: des cheveux, un front, un visage, des oreilles, des yeux ou des pupilles, une nuque, une bouche, des lèvres, des dents, des langues, des seins, un torse, un dos, un ventre, un sexe, des bras, des jambes...

Les Portraits sont surtout portraits de femmes, descriptions de leurs corps, de leurs vêtements, de leurs mouvements, de leurs gestes, de leurs attitudes. Il en ainsi de Mathilde:

La peau lisse et laiteuse. Les cheveux en boucles serrées sur ses tempes. Négligemment noués entre ses omoplates. Ses doigts effritent le tabac, rapides et dociles. Les miettes s'accrochent aux écailles de vernis. Son bras arbore une toison jaune qui rappelle l'herbe sous nos pieds. Ses lèvres pincent fortement le filtre. Elle crache une volute de fumée. Une légère blouse cache ses seins rosés...

Les Épisodes se passent le plus souvent dans l'intimité, solitaire ou partagée: au lit, au réveil, dans la maison, sur une barque ou un voilier, dans un coin isolé au bord d'un lac... où le ou les corps se manifestent presque toujours.

Dans Mon corps, une femme se livre:

Les hommes aiment l'imperfection de mon corps. Leurs mains jouent dans le duvet de mon dos, de mon ventre. Ils goûtent le sel de ma peau, décollent les cheveux de mon front brûlant. Leurs doigts visitent le relief de ma chair. Ils embrassent les plis de mes yeux et les plaies qui me décorent...

C'est peu de dire que de ces fêtes corporelles, qui sont La griffe de l'auteur, se dégage une sensualité poétique, évocatrice et pleine de charme...

Francis Richard

La griffe, Anaïs Carron, 108 pages Torticolis et Frères


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