Anne Guivarch a été mariée à Yvon Le Floch, mais il a disparu en mer en 1943, la laissant veuve avec un fils de 9 ans, Louis. Deux ans plus tard elle se remarie avec Étienne Quémeneur, qui lui donne deux enfants, Gabriel et Jeanne.
Alors qu'Yvon, comme Anne, était de milieu modeste - il était marin-pêcheur -, Étienne est issu d'une famille de notables. Il a fait des études à Rennes, puis à Paris, avant de reprendre la pharmacie familiale dans la petite ville portuaire.
Tout le monde se demandait pourquoi Étienne ne se mariait pas. En réalité, depuis l'école, il était secrètement amoureux d'Anne et s'il n'avait pas été éloigné d'elle pour faire ses études, il lui aurait déclaré sa flamme beaucoup plus tôt.
Quand il avait appris son mariage avec Yvon, il avait été meurtri. Il n'aurait jamais pensé qu'elle se marierait aussi jeune. Et, quand Yvon avait disparu, il avait attendu deux ans de deuil, en comptant les jours, avant de lui demander sa main.
Cinq ans après leur mariage, Étienne a de plus en plus de mal à supporter Louis, le témoin d'une autre vie, surtout depuis la naissance des petits. Louis se sent de trop, manque l'école. Étienne en vient, de rage, à le frapper avec sa ceinture.
En avril 1950, Louis, qui a maintenant 16 ans, se jette sur Étienne au moment où ce dernier s'apprête une nouvelle fois à le frapper avec sa ceinture, la lui arrache des mains, le plaque contre le mur en le tenant par les épaules et le regarde droit dans les yeux.
Étienne, qui, sur le moment, a tremblé de peur et de colère, annonce, le lendemain matin, à Louis son départ immédiat en pension: Les pères jésuites auraient raison de son insolence et de son ingratitude. Ils sauraient le dresser...
Le soir même, Louis ne reparaît pas. Étienne le cherche en vain dans la ville. Quelques jours plus tard, à la capitainerie du port, Anne apprend par un jeune officier des affaires maritimes qu'il a signé son engagement pour remplacer un matelot:
Mineur, vous dites? Pas d'après la fiche qu'il a remplie ni les papiers qu'il a montrés. Tout a l'air en règle...
Commence alors pour Anne une longue attente, Une longue impatience, dont le lecteur ne sait pas jusqu'à la fin si elle sera récompensée par un retour. En attendant il ne peut que se désoler du gâchis qu'Étienne a provoqué: Il n'aurait pas dû...
En attendant il ne peut qu'être ému par les beaux passages qui égrènent ce livre plein de réminiscences et où s'exprime douloureusement l'amour d'une mère pour son fils que la mer, omniprésente dans le roman, lui a pris à son tour:
Tout ce que je veux, c'est que Louis rentre. Je voudrais retrouver notre unité première, l'oeuf primordial, à nouveau. Réparé, retrouvé intact, le temps obscur et doux de l'inséparé. J'attends que mon fils me redonne vie, qu'il me fasse renaître, me réveille, me ressuscite. Alors nous serons quittes.
Francis Richard
Une longue impatience, Gaëlle Josse, 192 pages Les Éditions Noir sur Blanc (sortie le 4 janvier 2018)
Livre précédent chez le même éditeur dans la même collection, Notabilia:
L'ombre de nos nuits (2016)