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Quand les États-Unis étaient nourris d’un idéalisme pacifiste (1/2)

Publié le 08 janvier 2018 par Sylvainrakotoarison

" La fin de ce terrible conflit de vie et de mort dépend de cette définition des buts de guerre. Aucun homme d'État ayant la moindre conception de sa responsabilité ne doit, pour un moment, se permettre de prolonger ces tragiques et effrayants sacrifices de sang et d'argent, à moins qu'il ne soit sûr, sans conteste et quoi qu'il arrive, que les buts de ces sacrifices sont partie indissoluble de la vie même de la société et que les peuples pour lesquels il parle estiment ces buts justes et impératifs autant qu'il le juge lui-même. " (Woodrow Wilson, le 8 janvier 1918). Première partie.
Quand les États-Unis étaient nourris d’un idéalisme pacifiste (1/2)
Cela fait un siècle, le 8 janvier 1918, que le Président des États-Unis Woodrow Wilson a prononcé devant le Congrès américain un grand discours devenu mémorable sur les " Quatorze points" pour construire la paix mondiale. Ce discours fait d'ailleurs partie des manuels scolaires et des épreuves au baccalauréat (le texte intégral est lisible ici).
Rappelons d'abord qui était l'orateur. Woodrow Wilson venait à l'époque d'avoir 61 ans. Né le 28 décembre 1856 en Virginie, il n'était pas, à l'origine, un homme politique. Après des études de droit à Princeton, il est devenu avocat, puis a continué ses études par une thèse de doctorat de sciences politiques et d'histoire en 1886, sur l'exécutif fédéral aux États-Unis. Consacré dans sa carrière d'universitaire comme président de l'Université de Princeton de juin 1902 à octobre 1910, il faisait figure de grand intellectuel américain, épris des idées libérales du XIXe siècle quand le Parti démocrate est venu lui proposer de se présenter aux élections du New Jersey.
Il fut ainsi élu gouverneur du New Jersey du 17 janvier 1911 au 1 er mars 1913. Son élection a pu surprendre puisqu'il a dépassé son concurrent républicain de plus de 650 000 voix alors que le Président en fonction, républicain, avait obtenu dans cet État un avantage de plus de 82 000 voix. Ses réformes politiques dans l'État, une sorte de moralisation du système politique avant l'heure, l'ont rendu "intéressant" auprès des dirigeants du Parti démocrate et très rapidement, sa candidature à l'élection présidentielle commença d'être envisagée.
Woodrow Wilson fut donc candidat aux primaires démocrates de 1912. Jusqu'en 1910, il n'était qu'un intellectuel passionné de politique qui mourait d'envie de faire de la politique et sa courte expérience comme gouverneur fut très prometteuse. À ces primaires, il était parmi les deux favoris avec un autre candidat, Champ Clark (1850-1921), alors Président de la Chambre des représentants (venant du Missouri). Ce dernier a obtenu plus de délégués que Woodrow Wilson, mais aucun n'a atteint la majorité absolue (en revanche, Woodrow Wilson, en voix, a eu 44,6% contre 41,6% à Champ Clark). La Convention démocrate qui s'est tenue à Baltimore du 25 juin au 2 juillet 1912 fut mémorable car il a fallu 46 tours pour les départager, et Woodrow Wilson fut finalement choisi. Il a fallu deux tours pour désigner son colistier (candidat à la Vice-Présidence), et Thomas R. Marshall (1854-1925), gouverneur de l'Indiana, un État clef dans l'élection présidentielle, fut désigné.
Quand les États-Unis étaient nourris d’un idéalisme pacifiste (1/2)
Les démocrates et Woodrow Wilson ont bénéficié d'un contexte politique très favorable car dans le camp adverse, chez les républicains, la division était complète. Le Président sortant, républicain, William Taft (1857-1930), élu Président des États-Unis le 3 novembre 1908, était en compétition avec son prédécesseur, également républicain, Theodore Roosevelt (1858-1919), Président des États-Unis du 14 septembre 1901 au 4 mars 1909 (le plus jeune de l'histoire des États-Unis, à l'âge de 42 ans), Prix Nobel de la paix en 1906.
En 1908, Theodore Roosevelt a exercé déjà presque deux mandats car il a pris la succession de William MacKinley (1843-1901), élu Président des États-Unis depuis le 4 mars 1897, réélu le 6 novembre 1900 mais assassiné au début de son second mandat par un anarchiste le 14 septembre 1901 (gouverneur de New York du 1 er janvier 1899 au 31 décembre 1900, Theodore Roosevelt fut intronisé Vice-Président des États-Unis le 4 mars 1901).
Theodore Roosevelt renonça à se présenter en 1908 pour un troisième mandat (à l'époque, il n'y avait pas de limitation sur le nombre de mandats) et proposa la candidature de William Taft. Ce dernier était peu populaire, sans charisme et surtout, a instauré l'impôt sur le revenu. Quatre ans plus tard, peu content du mandat de son successeur et toujours populaire, Theodore Roosevelt voulait donc reprendre le pouvoir.
À l'issue des primaires républicaines de 1912, Theodore Roosevelt a obtenu 51,1% des voix contre 34,6% à William Taft. En revanche, ce dernier a gagné 566 délégués contre 466 à Theodore Roosevelt. En fait, très peu d'États avaient adopté le système de primaires populaires et donc, les délégués des autres États, très majoritairement, étaient nommés par les dirigeants locaux du parti.
La Convention républicaine qui a eu lieu à Chicago du 18 au 22 juin 1912 fut particulière : ce fut une véritable bataille politicienne qui se solda par une victoire du Président sortant William Taft avec 302 votes contre 107 à Theodore Roosevelt et 322 abstentions (provenant des délégués de Theodore Roosevelt par abandon). Résultat, William Taft et son Vice-Président James S. Sherman (1855-1912) furent reconduits dans le ticket républicain. En fait, pas tout à fait, car James S. Sherman, de santé défaillante, est mort soudainement le 30 octobre 1912, six jours avant le scrutin, si bien que l'universitaire Nicholas Murray Butler (1862-1947) le remplaça comme colistier (futur Prix Nobel de la Paix en 1931).
Theodore Roosevelt, qui avait accusé de fraudes les amis de William Taft, avait demandé à ses amis de quitter la Convention républicaine le 22 juin 1912. Ne s'avouant pas vaincu, il fonda le Parti progressiste et lors de la Convention progressiste à Chicago du 5 au 7 août 1912, Theodore Roosevelt fut désigné candidat des progressistes avec pour colistier Hiram W. Johnson (1866-1945), gouverneur de Californie, connu pour ses positions isolationnistes.
Ainsi, lors de l'élection présidentielle générale, le 5 novembre 1912, il y a eu trois candidats importants, rompant avec le bipartisme classique (ce fut le cas aussi en 1992, et cette rupture s'est faite aussi au détriment des républicains et au profit des démocrates). Woodrow Wilson remporta l'élection avec près de 6,3 millions de voix (soit 41,8%) et 435 délégués, contre 4,1 millions de voix (soit 27,4%) et 88 délégués à Theodore Roosevelt et 3,5 millions de voix (soit 23,2%) et 8 délégués à William Taft qui a reçu ainsi un gifle électorale magistrale. Woodrow Wilson a donc eu beaucoup de chance puisque le total T. Roosevelt+Taft dépassait 50% des voix.
Woodrow Wilson fut réélu de manière plus ordinaire (mais avec moins de succès) le 7 novembre 1916 avec 9,1 millions de voix (soit 49,2%) et 277 délégués contre 8,5 millions de voix (soit 46,1%) et 254 délégués au candidat républicain Charles Evans Hugues (1862-1948), ancien gouverneur de New York.
En fonction du 4 mars 1913 au 4 mars 1921, Woodrow Wilson fut donc le Président des États-Unis pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale. Les États-Unis, dans leur tradition, furent isolationnistes en ce sens qu'ils ne considéraient pas que la guerre entre puissances européennes les concernait. Woodrow Wilson s'est opposé à ce courant traditionnel en voulant au contraire engager son pays dans le chemin de la construction d'une paix mondiale durable. L'idée était honorable, nouvelle, ambitieuse, pacifiste, mais très idéaliste.
Quand les États-Unis étaient nourris d’un idéalisme pacifiste (1/2)
Déjà, dans un discours le 22 janvier 1917 devant le Congrès américain, Woodrow Wilson a proposé de s'impliquer alors que son pays était encore neutre. Il a proposé "une paix sans victoire", ce qui était inacceptable pour les deux parties belligérantes. Lorsqu'il s'adressa au Congrès américain le 8 janvier 1918, la situation avait considérablement changé : le 22 avril 1917, les États-Unis ont déclaré la guerre à l'Allemagne et se retrouvaient donc aux côtés des Britanniques, des Français, des Russes et des Italiens. Par ailleurs, la Révolution russe avait bouleversé aussi l'équilibre des alliances car les nouveaux maîtres de la Russie, les bolcheviks, voulaient négocier une paix séparée avec les puissances centrales (Allemagne et Autriche-Hongrie). Enfin, l'arrivée au pouvoir en novembre 1917, en France, de Georges Clemenceau, partisan de la guerre jusqu'au bout, décourageait toutes les tentatives de paix négociée.
Le discours du 8 janvier 1918 marqua ainsi l'histoire du monde parce qu'il jeta les bases d'une coopération internationale durable. Ce que j'évoquerai plus précisément dans le prochain article de ce thème.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (08 janvier 2018)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Les Quatorze points du Président Wilson.
Texte intégral du discours de Woodrow Wilson le 8 janvier 1918.
Woodrow Wilson.
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Les petits humanoïdes de Roswell...
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Jimmy Carter.
Al Gore.
Sarah Palin.
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George MacGovern.
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Quand les États-Unis étaient nourris d’un idéalisme pacifiste (1/2)
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180108-woodrow-wilson.html


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