Magazine Poésie

Parole dans l’ombre

Par Vertuchou

Elle disait: C’est vrai, j’ai tort de vouloir mieux;
Les heures sont ainsi très-doucement passées;
Vous êtes là; mes yeux ne quittent pas vos yeux,
Où je regarde aller et venir vos pensées.

Vous voir est un bonheur; je ne l’ai pas complet.
Sans doute, c’est encor bien charmant de la sorte!
Je veille, car je sais tout ce qui vous déplaît,
A ce que nul fâcheux ne vienne ouvrir la porte;

Je me fais bien petite, en mon coin, près de vous;
Vous êtes mon lion, je suis votre colombe;
J’entends de vos papiers le bruit paisible et doux;
Je ramasse parfois votre plume qui tombe;

Sans doute, je vous ai; sans doute, je vous voi.
La pensée est un vin dont les rêveurs sont ivres,
Je le sais; mais, pourtant, je veux qu’on songe à moi.
Quand vous êtes ainsi tout un soir dans vos livres,

Sans relever la tête et sans me dire un mot,
Une ombre reste au fond de mon coeur qui vous aime;
Et, pour que je vous voie entièrement, il faut
Me regarder un peu, de temps en temps, vous-même.

Paris, Octobre 18..

Victor Hugo

Partager cet article

Repost 0
Parole dans l’ombre
&version; Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Vous aimerez aussi :

Chanson
Chanson
Je respire où tu palpites
Je respire où tu palpites
Le vent
Le vent
De sa grande Amie
De sa grande Amie

Poètes D'hier

« Article précédent

Retour à La Une de Logo Paperblog