Oui Ingrid Bétancourt a été libérée. C'est une joie pour sa famille, un soulagement pour ses proches. Depuis hier soir je n'arrive pas à sortir du tunnel médiatique sans fin. Je déteste lorsque les médias en général et français en particulier accordent plus de place à un évènement qui ne revêt pourtant pas d'importance folle. Depuis hier, avez vous eu échos du double meurtre de jeunes français à Londres par exemple ? Difficile. Sur Lefigaro.fr ce matin pas moins de 10 articles adossés les uns aux autres et traitant de la libération d'Ingrid Bétancourt. De son côté, Libé.fr pousse le bouchon jusqu'à 13 articles postés sur sa page web. Ridicule.
Évidemment vous le devinez bien je ne remet aucunement en cause le fond de l'histoire, ce qui m'insupporte, c'est cette manière de traiter l'information à grands coups de talk show de plusieurs heures sans la moindre information plausible, de unes made in presse à scandale et de gros titres fracassants. Public ne ferait pas mieux.
Et pourtant dans cette affaire, qu'est ce qui différencie Ingrid Bétancourt d'un autre otage qu'il soit colombien, franco-israelien ou chinois si ce n'est la bulle médiatique qui porte à bout de bras un sujet plutôt qu'un autre ? Sur ce point, je ne suis pas loin d'approuver le propos sinique de mon confrère kiwisien Toréador. Les médias, parfaitement relayés par les politiques en quête de "grandes actions" et de lignes directrices d'une politique étrangère vide de sens se sont précipités sur le sujet. C'est bien connu, que ce soit en politique ou en journalisme, la tendance est au récit. Pour vendre ou pour être élu, il faut raconter des histoires à la plèbe qui ne vit plus que pour rêver ou s'émouvoir.
Sur le fond de l'histoire Uribe et Bush sortent grands vainqueurs de ce jeu d'échec mondial. La force a primé sur la consensus mou dont la France est si friante. Sarkozy lui, n'a rien a retiré dans cette affaire. Et, étonnement, il ne semble pas souhaiter récupérer quelconque lauriers de cette libération (pour le moment). A ce propos une pensée pour les blogs de gauches qui semblent tristes ce matin, limite déprimés. Eux qui n'attendaient qu'une phrase de gloire personnelle pour fusiller "El Presidente" à bout portant, comme (très) souvent. Orphelins, ces derniers se satisfont comme ils peuvent en rappelant bien l'inutilité de Sarkozy dans cette affaire.
Puisque la tendance est a la compassion aveugle, je ne dirais pas qu'Ingrid Bétancourt m'est apparue en campagne électorale. Je ne dirais pas non plus que j'ai honte de contribuer au tunnel d'information du jour.
Soupir... Quelque chose me dit que ce n'est pas fini.