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[Critique] The Florida Project

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] The Florida Project

[Critique] The Florida Project
Moonee (Brooklynn Prince) a 6 ans et un sacré caractère. Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney World, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents. Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Hally (Bria Vinaite), sa très jeune mère. En situation précaire, comme tous les habitants du motel, celle-ci tente de joindre les deux bouts de façon plus ou moins honnête pour assurer son quotidien et celui de sa fille.

Réalisé par Sean Baker, à qui l’on doit le surprenant Tangerine, The Florida Project est un drame singulier qui vaut surtout pour sa forme attrayante. Tourné à hauteur d’enfants, comme pour mieux traduire la portée de son message, le film fait effectivement preuve d’un sacré sens de la photographie. Non pas que les plans soient spécialement audacieux, ni même d’une beauté folle, mais la composition des images est telle qu’elles racontent immédiatement quelque chose. Les décors criards en disent également long sur le contexte du récit. Malheureusement, le récit en lui-même s’avère à l’extrême opposé du visuel, s’entêtant à dresser un constat plutôt qu’à raconter une véritable histoire. Constamment à la limite du misérabilisme, le long-métrage se résume en effet à un enchaînement de scènes du quotidien sans grand intérêt, entrecoupées d’engueulades et de moments plus tendres. Bien sûr, l’intention du réalisateur/scénariste de mettre ainsi en lumière une franche de la population américaine en difficulté est infiniment louable, mais le produit fini est juste d’un ennui abyssal. Quelques stéréotypes et de jolies images ne suffisent pas à faire un bon film, il faut un scénario un minimum consistant. C’est là que le bât blesse pour The Florida Project.

[Critique] The Florida Project
Long et répétitif, le long-métrage martèle sans subtilité le même message pendant près de 2 heures. Un défaut qui n’en serait pas vraiment un si les personnages avaient au moins le mérite de susciter un peu d’empathie. Or, c’est tout l’inverse ici. A l’exception du valeureux manager du motel, incarné par un Willem Dafoe convaincant (mais pas flamboyant), l’ensemble des protagonistes se révèlent en effet absolument insupportables. Pas aidés par le sentiment de répétition dont souffre le film, les personnages semblent abandonner peu à peu leur spontanéité rafraîchissante des premiers échanges pour n’être que des figures stéréotypées. Un constat regrettable compte tenu des belles dispositions que laissent entrevoir les deux actrices principales. Incroyablement authentiques, Brooklynn Prince et Bria Vinaite délivrent effectivement des performances troublantes de vérité, à la limite parfois du documentaire. Elles constituent sans aucun doute l’un des rares motifs de satisfaction du film. L’innocence enfantine de la jeune comédienne apporte, en outre, une énergie singulière à l’œuvre. Elle ne fait toutefois pas oublier la grossièreté ambiante et les cris incessants, qui demeurent quant à eux pénibles et irritants jusqu’au bout.

Malgré sa forme attrayante et son intention louable, The Florida Project s’avère donc être un drame plutôt ennuyeux, se complaisant dans sa vulgarité et ses stéréotypes. Plombé par une écriture aussi insipide que répétitive, le film ne peut compter que sur la belle énergie de ses acteurs pour maintenir un semblant d’intérêt.


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