Moins connu que son compatriote James Ensor, le peintre belge Félicien Rops, esprit libre et provocateur, vient de faire l’objet d’un livre édité par les Editions d’Art Somogy. Le titre de l’ouvrage : »Félicien Rops (1833-1896), Rops suis, vertueux ne puis, hypocrite ne daigne » est déjà tout un programme et pose bien le personnage.
Félicien Rops aux Editions d’Art Somogy.
Un musée est consacré à ce peintre à Namur, sa ville natale, depuis 1964. Mais il ne comptait que quatre salles d’exposition et il a déménagé en 1987 toujours à Namur mais dans un ancien hôtel de maître qui fut la propriété de sa belle-famille. C’est dans ces conditions que la création de Félicien Rops a pu être mieux étudiée, que des chercheurs se sont consacrés au décryptage de son œuvre. Ce livre rassemble les meilleurs articles qui ont été écrits sur le sujet.
Un esprit libre, un trait de crayon acide
Il serait faux de considérer Félicien Rops seulement comme l’un des plus grands pornographes du XIXe siècle. Certes, La Tentation de Saint-Antoine, La Vengeance d’une femme ou Pornocratès sont assez pittoresques à cet égard mais ce n’est pas tout. Il y a aussi chez Rops une forte interrogation sur la mort, la vanité des choses que l’on peut apercevoir dans Le Vice suprême ou la Marotte macabre, le tout servi par le coup de crayon magistral de l’artiste. Il s’est aussi intéressé à la politique notamment à l’occasion de la guerre franco-prussienne et il a travaillé comme illustrateur pour des éditeurs. Mais ce qui est particulièrement marquant chez ce peintre c’est son humour dont il ne se départit jamais, quel que soit, le registre dans lequel il s’exprime. Inclassable et original, Félicien Rops mérite d’être connu. J’avais vaguement entendu parler de lui mais ce livre des Editions d’Art Somogy magnifiquement illustré et documenté m’a permis de découvrir un artiste et un individu hors du commun.Tout au long de sa vie, Félicien Rops a tourné entre Namur, Bruxelles et Paris mais s’est aussi engagé dans des voyages un peu plus lointains : la Scandinavie, l’Espagne, les Etas-Unis, l’Afrique du Nord et surtout la Hongrie pour laquelle il a coup de foudre. Il prétendra même avoir des racines magyares.