J’ai décidé de commencer l’année par une expérience scientifique : regarder la nouvelle série MacGyver sur M6. C’est quand même le pape de la bidouille et je me devais d’y jeter un œil malgré mon scepticisme. La bande-annonce m’avait en effet laissé un léger goût de « what the fuck »…
Certes nous avons l’habitude des clichés en tous genres dans les séries, en particulier sur le plan informatique. Entre les écrans bleus Windows censés être des virus dévastateurs, les effets à la Matrix, les vitesses de frappe hallucinantes des protagonistes et le jargon balancé à tout-va sans que le moindre scénariste se soit posé la question du sens, nous avons de quoi faire. La palme revenait à Scorpions où la crédibilité n’était jamais venue à l’esprit des créateurs, sans oublier l’experte informatique d’Esprits criminels qui, lorsqu’elle était « méchante hackeuse » se grimait tout en noir façon gothique puis se pare de tenues colorées et de fleurs dans les cheveux lorsqu’elle devient « gentille hackeuse ». Et le grand Schtroumpf pendant ce temps a hacké le pare-feu de Gargamel… Certes il y a Mr Robot mais je n’ai pas réussi à accrocher.
Qu’en est-il donc de notre MacGyver préféré ? Richard Dean Anderson ne se retourne heureusement pas dans sa tombe mais il doit avoir des nuits sans sommeil…
Son double est un génie sorti du MIT mais qui a quand même fait l’Irak, histoire de mettre une petite couche patriotico-militaire propre à une bonne part des séries américaines. Chacun de ses bricolages est mis en scène d’une façon qui ne déplairait pas à certains youtubeurs. Tout y est décrit avec force zooms au cas où l’on raterait un détail. J’attends avec impatience la scène où MacGyver, en mission en Belgique, se tapera un bicky burger et où l’on verra les mentions « frites », « sodium » lorsque qu’il salera celles-ci avec un effet digne de Matrix. Sans oublier la voix off façon « je t’explique la vie »…
MacGyver était non violent et pacifiste à l’extrême. J’avoue qu’il m’avait étonné dans un épisode où, se faisant canarder comme il n’est pas permis, il avait consciencieusement démonté un pistolet mitrailleur en parfait état de marche pour s’en servir comme d’une clé et dévisser au péril de sa vie une lance à incendie qui, bien entendu, envoya voler l’adversaire quelques mètres plus loin sous la pression de l’eau. Dans la nouvelle version, oubliez… Si les coups de feu étaient rares dans la plupart des épisodes et jamais de la part de MacGyver, vous aurez cette fois votre lot de tirs, d’explosions et de cascades. Ce qui me permet d’aborder la question du scénario : ceux de MacGyver étaient variés ; les nouveaux ne sont qu’une longue course contre la montre accentuée par la traditionnelle musique anxiogène.
L’honneur est cependant sauf car MacGyver ne tire jamais. Il a pour cela une espèce de gros bras, tout droit sorti des experts, figure classique du neuneu, épargné par les neurones, non pas terre à terre mais carrément enfoncé dans la terre, propre à bon nombre de séries. Cf Bones par exemple.
Pour parfaire le panel et ajouter une note humoristique, il ne manquait qu’un second neuneu, celui qui fait des blagues dont même Carambar ne voudrait pas. N’oublions pas la hackeuse de service, forcément ex-délinquante « méchante hackeuse » passée du côté du bien, qui force l’admiration vu le peu de secondes qui lui sont nécessaires pour effectuer des hacks dont je peine à comprendre l’intitulé. Je pense que les auteurs et traducteurs ont du piocher au hasard dans le dictionnaire.
Enfin, Pete Thornton, quant à lui, est devenu Patricia Thornton et a troqué son côté affable pour une personnalité froide et experte en tout.
On pourrait avec beaucoup d’efforts (et d’hallucinogènes) passer à côté de tout cela mais surtout, surtout, comme diraient mes petits collégiens, MacGyver, il se la pète grave… Rien avoir avec le héros de mon adolescence.
Bref, bidouilleurs, bidouilleuses de tous poils, passez votre chemin…