C’est Brel qui avait raison, quand il disait qu’à vingt ans un homme a vu passer tous ses rêves, et qu’il sait qui il est. Je me rends compte que l’on aspirait parfois à vieillir, mais que l’on ne progresse pas, même si l’on a appris des choses que l’on ne savait pas, et que l’on maitrise des techniques dont on ignorait tout, ce ne sont que des techniques.
Est-ce que l’on a gagné compense ce que l’on a perdu, oui, sans doute, on a gagné en confort, on n’a plus à connaître toutes ces épreuves initiatiques de notre temps, l’école, le recrutement, le permis de conduire. Mais on a perdu ce rêve que l’on pouvait apporter du nouveau, de l’imagination, de la créativité, ce ne sont plus des valeurs aussi prisées qu’au temps où le monde était plus jeune.
Ce n’est pas nous qui avons changé, mais le regard que l’on porte sur nous, et le regard extérieur est plus important que notre propre jugement, et plus déterminant pour l’avenir. On ne peut plus changer le reste du monde, nous sommes assignés à un âge donné.