L'ampleur du bassin lémanique est immense.
Pas de montagnes de l'autre côté, ni de rives ou d'Yvoire.
Une étendue d'eau frémissante.
Une mer.
La Mer Léman.
C'est un bon début? N'est-ce pas? Pas la peine d'épiloguer... ou plutôt si. Car épiloguer, c'est la bonne folie: celle qui est capable de t'élever, de t'emmener sur le sommet le plus haut et de te montrer sans voiles tout l'absurde, dixit Daniel.
Daniel, l'un des deux narrateurs, auteur de cette couillonnade assumée, n'en fait qu'un point de départ. Il le partage avec Jules, qui est son ami et interlocuteur, et l'autre narrateur.
(Un truc destiné au lecteur, qui lui permettra de distinguer les dires de l'un et de l'autre: en gras, c'est Jules qui parle; en maigre, c'est Daniel...)
En préambule, le lecteur (ou la lectrice, ça va de soi) est prévenu par Daniel:
Ici, le temps n'est pas scandé par les aiguilles de ta montre
Mais par des mots et des événements qui racontent une histoire (dans notre cas, une amitié)
Peu importent donc pour lui les chronologie et syntaxe trop parfaites...
Ce qui importe à Daniel, c'est surtout de faire des digressions, à propos de tout et de rien: Parce que ce sont les liens entre les choses qui tiennent ensemble le monde...
Ce qui importe à Jules, c'est de faire des conneries, autrement dit de faire des choses qui n'ont pas d'importance, parce que la vie est sérieuse: Terriblement et joyeusement sérieuse...
Au terme de leur histoire, jalonnée de conneries et de digressions, qui, finalement, ont leur profondeur, même si elles donnent une impression de légèreté, les deux comparses ont évolué: Jules grâce à la puce à l'oreille que lui a mis son ami, Daniel, Dante aidant...
Francis Richard
La Mer Léman, Davide Giglioli, 232 pages, Torticolis et Frères