In the Fade // De Fatih Akin. Avec Diane Kruger et Denis Moschitto.
Fatih Akın (The Cut, Soul Kitchen) nous plonge ici dans un monde post-attentats où la menace terroriste plane toujours sur tout le monde. Mais afin de rendre le film intéressant, In the Fade décide de frapper une communauté importante en Allemagne : les turcs, et de lier le tout avec les grands méchants de la Seconde Guerre Mondiale : les nazis. Si ce mouvement n’est plus au pouvoir en Allemagne, il existe toujours d’une façon comme d’une autre. Diane Kruger, récompensée du prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 2017 pour son rôle dans le film, mérite amplement sa récompense. Cette femme, survivante qui fait tout pour se battre, est impressionnante et l’actrice parvient à nous faire ressentir la détresse de son personnage jusqu’aux dernières secondes du film. Fatih Akin, cinéaste allemand, offre alors à Diane Kruger l’un des plus beaux rôles de sa carrière. En tout cas, rien à redire de ce point de vue là, l’état dans lequel son personnage se retrouve est un état de détresse et de douleur total. Et le réalisateur fait toujours tout pour la mettre en lumière de façon intelligente, sans en faire des tonnes, juste en restant sobre. Car In the Fade ne cherche jamais à en faire des tonnes, il est avant tout là pour nous faire ressentir des émotions et du début à la fin le film sait le faire sans équivoque.
La vie de Katja s’effondre lorsque son mari et son fils meurent dans un attentat à la bombe.
Après le deuil et l’injustice, viendra le temps de la vengeance.
In the Fade mélange aussi les genres. C’est à la fois un thriller socio-politique pour la partie sur l’immigration turc et le nazisme encore présent dans le pays, la réinsertion difficile d’un ancien détenu qui a construit une famille et avait voulu être droit dans ses baskets pour ne jamais les décevoir par amour. C’est aussi un drame, psychologique sur la famille et les relations complexes qu’un couple interracial peut avoir dans un pays où le racisme existe encore de nos jours (la confrontation des parents est d’ailleurs un moment intéressant face à une femme désemparée qui n’arrive ni à trouver du réconfort auprès de sa propre mère ou encore des parents de son mari qu’elle aimait tant). C’est sans parler du revenge movie, qui se ressent surtout dans la dernière partie du film mais qui est là aussi une thématique forte tant le film créé justement les deux premières parties afin d’escalader la violence dans laquelle l’héroïne est en train de plonger peu à peu. C’est un portrait de femme aussi, d’une femme perdue mais bouleversée, qui devient attachante dès le départ et bouleversante jusqu’au bout. Finalement, In the Fade est une belle surprise inattendue.
Note : 8/10. En bref, un thriller psychologique et social, sur fond de traitement politique et de revenge movie.