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Polémique ta mère. 24/01/2018

Publié le 24 janvier 2018 par Toiletteintime @toiletteintime

A tous ceux qui rétorqueraient que l’hiver est rude, parce qu’il neige en montagne et qu’il pleut dans leur cœur, je ne me souviens même plus de ces journées piquantes de janvier où la gelée matinale envoyait valser le retraité malhabile sur le trottoir glissant d’une retraite piégeuse. Si les opérations du col du fémur ont donc sensiblement diminué grâce au réchauffement climatique, le nombre de connards passionnés par les péripéties météorologiques ne cesse d’augmenter, et quand il fait 18 degrés à Perpignan un 23 janvier, non, il n’y a aucune raison de se réjouir, même si ça donne de très beaux selfies sur Instagram.

Plus que tout autre peuple, le français n’avait vraiment pas besoin des réseaux sociaux pour étaler son courroux, ses états d’âmes changeants et ses recettes préférées à ses concitoyens remontés tout autant que lui sur à peu près n’importe quel sujet. Tex, la police, le lait en poudre, l’équipe de France de foot, Benzema, ma sœur, le viol, les ouragans, le loup des Pyrénées, Jawad, les impôts locaux, Macron, la recette des crêpes, Johnny, le prix des topinambours et plus récemment Laura Laune.

Nouvellement promue star de la gaudriole vacharde grâce à son incroyable talent (et son opportunisme soudain de chanter pour passer à la télé, mais là n’est pas le débat), l’humoriste belge jouissait pourtant déjà d’une jolie réputation scénique et d’un parcours plus qu’enthousiasmant. Mais le raz-de-marée médiatique étant passé lui aussi par-là, voici que la charmante blonde se retrouve emportée sur tous les plateaux de France, de Navarre et de Corse, où certains découvrent en prime-time, interloqués, son humour irrespectueux et iconoclaste. Ah ben dis-donc, en 2018, une fille si mignonne, dire des choses aussi osées sur le sexe, son père, le viol et les enfants, c’est vraiment cocasse ! On s’était tellement habitué aux blagues Ikea des barons du rire chez Drucker !

Oui, mais là on parle de juifs quand même ! Parce que voilà. La nouvelle charge est venue des gardiens du temple, des aboyeurs assermentés, des pisse-froids qui crient à l’antisémitisme dès que le mot « juif » apparait dans une conversation publique. Depuis la jurisprudence Dieudonné, tu comprends, tout le monde est suspect. Comme les musulmans pour le terrorisme. Alors petit 1, il faudrait d’abord blâmer les abrutis (rédac chefs et présentateur compris) qui laissent passer cet extrait-là (une blague sur les juifs comme on en entend des milliers depuis l’invention de la blague, mais sortie du contexte d’un spectacle d’une heure et des brouettes) dans un journal populaire et peu préparé à ce genre de gaudriole au moment de servir la soupe familiale. Si ce n’est pas calculé, c’est pervers et dangereux (pour la carrière de son auteur) dans une société tendue comme un string et sans aucun second degré sur n’importe quel sujet religieux. Et petit 2, il faudrait juste rappeler que les gens qui vont voir des spectacles sont vaccinés, majeurs et responsables de leurs actes et que ce qui se dit sur une scène est plus que sacré. Il n’y a qu’à voir la violence des one (wo)man show US par rapport à la tiédeur de leurs émissions télé pour comprendre que ces sanctuaires de l’humour et de la liberté d’expression doivent être protégés corps et armes. Alors que les spectateurs télé sont désespérément passifs…Les blagues juives existent depuis des décennies et font partie du patrimoine culturel (avec celles sur les belges, les noirs, les arabes, les nains et les pédés…). Toutes ces «minorités » qui en ont pris plein la gueule avant l’arrivée des roumains, des roux et des migrants. Ils rigoleront bien les blancs dans 30 ans tiens, quand eux-mêmes seront une minorité et que les africains se foutront enfin ouvertement d’eux en prime-time. Mais il n’y aura plus d’émissions télé…

Laura Laune se moque de tout le monde et comme 90% des humoristes consciencieux, d’abord des religions, qui rendent certains si cons et si violents. Il y a sûrement plus d’antisémites dans les partis politiques que sur les scènes de Comedy Club. Et sûrement plus de violence dans les propos d’Eric Zemmour ou de Laurent Wauquiez, plus d’indécence dans l’attitude faussement cool de Jeremstar ou de Morandini que chez n’importe quel humoriste de ce pays, simple observateur et tireur d’alarme sur une société qui part gravement en couille à force de se replier sur ses acquis et ses communautés. Sur scène, l’ennemi commun est bien souvent le FN, les nazis y sont souvent raillés largement, mais qui s’en offusque ? Les fachos ne vont pas au spectacle. Alors, chaque mort, chaque conflit, chaque attaque (blague funky pour la communauté black) depuis que la guerre existe doit être dénoncée de la même manière, avec la même virulence. Il n’y a pas de classement dans l’horreur ou la douleur, comme voudrait pourtant nous le faire croire BFM et autres remueurs de merde, dès qu’un avion s’écrase avec des français à bord ou qu’une bombe explose loin de nos pelouses. Mais, entre nous, on a quand même l’impression que les lobbies juifs voudraient nous faire croire le contraire depuis 70 ans. Et qu’à force de les écouter, il est peut-être de bon ton de vouloir les taquiner et jouer encore sur les clichés ; parce que parler de la Shoah, même avec dérision, c’est toujours en parler et garder à l’esprit que des petits moustachus en puissance grouillent aux quatre coins du monde. Des fois sur un malentendu, ça peut fonctionner à nouveau, comme en 33, cette année gironde où certains ont donné les clefs délibérément à leur futur bourreau en pensant s’offrir une vie meilleure. ….Et c’est vrai aussi qu’on entend moins les Indiens d’Amérique, les rwandais, les congolais ou les Rohingyas sur leurs problèmes de génocides, assez peu mis en avant dans les journaux de Delahousse ou les films hollywoodiens.

L’horreur est derrière nous. Ce qui est fait est fait et personne ne changera ça. Mais les humoristes et les pacifistes font juste en sorte que ça ne se reproduise plus, sans aucune velléité de déclencher de nouveaux conflits meurtriers. Contrairement à certaines personnes élues par le peuple. Le diable est certes une gentille petite fille, mais surtout un gros con dénué d’humour. Rire de tout. Tout le temps. Alors ne vous trompez pas de cible, Messieurs, dames les journalistes qui relayaient ce genre de fait-divers ou d’incidents déplorables juste pour le buzz. Vous ne faites qu’accentuer la régression de la presse et de la liberté d’expression en participant à ce retour au puritanisme ambiant, à ce révisionnisme de la culture passée, qui touche même certains des plus jeunes d’entre vous… Et si cette incitation au plaisir anal n’était pas prohibée également en 2018, on vous inviterait volontiers à aller vous faire enculer.

Polémique ta mère. 24/01/2018


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