Il existe un art du dialogue, un art de l’exploration et de l’enquête. Pour comprendre le monde et soi-même, il faut investiguer, se questionner, être curieux. Cet art du dialogue se fait avec des gens animés de la même passion de découvrir « ce qui est », mais il se réalise aussi avec soi-même. Si on ne sait pas vraiment dialoguer avec soi, on peut très difficilement dialoguer avec d’autres personnes.
Pour que cela soit vivant, une grande intensité est nécessaire, un grand sérieux doit être présent, ce qui n’exclu pas la joie et la beauté.
Naturellement pour communiquer avec autrui, on utilise des mots et des phrases, mais les mots ne sont pas ce qu’ils décrivent, la carte d’un menu n’est pas le repas. Les phrases et les mots prononcés ont une puissance, une force, quand ils décrivent ce qui est perçu dans le présent, quand ils sont l’expression d’une vision immédiate. La beauté d’une telle perception, si les personnes sont attentives et écoutent vraiment, c’est que la perception d’une seule personne devient la perception des autres, c’est le groupe lui-même qui perçoit dans un même mouvement.
Un tel échange est très rare, surtout dans notre monde où n’existe que des débats d’opinions, que des confrontations de points de vue particuliers.
Quand on découvre cet art du dialogue, on découvre la joie d’apprendre, de comprendre par soi-même, sans dépendre ni de la rumeur public, ni du lavage de cerveau imposé par les différentes structures de la société.
La plupart des gens disent communément « Il ne faut pas se compliquer la vie », ou même, « il ne faut pas se prendre la tête avec des paroles sans fin qui ne mènent à rien. » Mais alors qu’est-ce que vivre ? Juste consommer des sensations, être un avaleur des produits et d’informations concoctés par d’autres, avoir dans l’esprit les théories et les idées venant de l’extérieur. Une vie basée uniquement sur la satisfaction du plaisir, est une vie qui appel la souffrance.
L’art du dialogue, du questionnement, nous évite le naufrage du conformisme et de la sécurité à tout prix, il attise notre curiosité et veille à ce que notre esprit ne se réduise pas à quelques conclusions, bien figées et donc bien mortes.
S’interroger, enquêter, découvrir sur soi et sur le monde, sans jamais crisper ce mouvement, sans jamais créer de nouveaux dogmes, cela est une fontaine de jouvence pour l’esprit et pour l’homme.
En cela existe une grande paix, quelque chose d’indéfinissable et d’une immense beauté.
Paul Pujol