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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 262

Publié le 28 janvier 2018 par Antropologia

Petit   miracle  du quotidien

Votre train est  à 16h45, vous arrivez  avec  une vingtaine de minutes d’avance. Cela vous semble  raisonnable. Vous vous  dirigez vers une des  trois  machines censées suppléer  les suppressions  de personnel, faites  la  queue  derrière une femme qui  ne s’est pas aperçue qu’elle était hors-service. Vous vous  placez alors derrière quatre autres  personnes, guettant leurs  moindres gestes :  sont-elles des usagers réguliers  et  compétents ? 16h31, 32, 33, 34,  35 : la personne devant vous n’est pas experte et paie 20  euros…  en pièces de 1 euro. 16h38. La femme derrière vous demande  à passer devant mais vous êtes dans la même situation qu’elle ! Vous savez utiliser  la machine ? vous demande-t-elle en substance, Oui, vous savez et à une vitesse record vous effleurez une quinzaine de fois l’écran (ce qui ne vous laisse pas le temps de penser qu’un guichetier aurait mis deux fois moins de temps…) et répondez  à  toutes les requêtes. Opération aboutie, sauvé(e) pensez-vous. Impression impossible s’affiche.  Vous n’utilisez  que le millième  de seconde disponible pour hésiter  entre renoncer  et  manquer votre train  ou  recommencer.   Deuxième  option, malgré le souffle  de tension  compréhensible sur votre nuque.  Tous les messages s’affichent en…  italien : autre  millième  de seconde pour s’adapter,  vous tenez le rythme et… le  sésame  s’imprime.  Vous  prévenez la suivante pour l’italien… Compostage  au  galop, l’inévitable RETOURNEZ VOTRE  BILLET vous ralentit. 16h44, vous accédez au quai : barrage de police et un contrôleur  qui regarde votre billet et vous oriente car le train est séparé en deux en cours de route. Ouf, vous  êtes du bon côté et vous précipitez vers la porte : fermeture verrouillée. A l’intérieur un voyageur  tente  en vain  de vous  secourir. Vite, le wagon suivant.  Juste le temps  de vous éloigner des toilettes nauséabondes, de trouver  rapidement une place car exceptionnellement le train n’est pas bondé, de vous écrouler  sur votre  siège…  La  voix  du contrôleur annonce que suite à un incident technique,  le train  partira avec  quelques minutes de retard : magie de la SNCF qui fait  de vous un voyageur au  final en avance…

Vous vous sentez un (e)  miraculé(e) du quotidien.  Votre train s’ébranle,  contre  toute  attente  arrive  à  l’heure,  vous  pouvez enfin  entrer avec sérénité dans votre week-end, en attendant le retour…

Colette   Milhé


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