Hard Sun (Saison 1, 6 épisodes) : et si le monde s'arrêtait de tourner ?

Nouvelle série de BBC, co produite avec Hulu, Hard Sun est une belle série d’anticipation de Neil Cross, celui à qui l’on doit notamment la brillante Luther. Si la série suit l’histoire de plusieurs personnages en parallèle, elle cherche aussi à nous plonger dans ce désespoir de fin du monde qui pend au nez de ses personnages. Il y a quelque chose de froid, glacial même, qui délivre alors un résultat assez étonnant. Hard Sun donne l’impression de s’inspirer grandement de fictions scandinaves alors qu’à chaque épisode quelque chose dans la mise en scène le laisse imaginer. Mais même l’écriture semble grandement inspirée et Neil Cross ne lâche aucune miette de ce qu’il nous offre. Les personnages sont soignés et leurs histoires intéressantes, le casting est solide, la mise en scène rayonnante et les intrigues sont toutes plus palpitantes les unes que les autres. On enchaine alors les épisodes comme des petits pains chauds alors que la violence n’a de cesse de grandir et le suspense parvient alors à maintenir un vrai rythme dans une narration complexe mais solide. Grâce aux aventures de Charlie Hicks (incarné par Jim Sturgess) et Elaine Renko (incarnée par Agyness Deyn) alors on plonge rapidement dans l’univers et dans ce que la série cherche à réellement nous conter.

Imaginez le monde que vous voyez quand vous regardez par la fenêtre ... sauf qu'il est maintenant condamné à disparaitre. Il n’y a pas de héros pour venir vous sauver, aucun plan d'urgence. Nous avons 5 ans. Tel est le monde de Hard Sun...

Au delà de ces deux personnages qui sont notre porte d’entrée dans la série, il y a bien plus à attendre et voir de cette série. Notamment car d’autres personnages vont graviter autour d’eux tout au long de la saison afin de créer des situations angoissantes, des moments de suspense intense et de la violence qui pour le coup n’est jamais gratuite. A chaque fois que Hard Sun plonge dans la torture psychologique et physique de ses personnages, en ressort alors quelque chose de bien tenu jusqu’au bout. Le fait que la saison ne fasse que six épisodes permet de garder aussi un sens du cliffangher qui rend chaque épisode riche en moments et en idées. Le premier épisode donne déjà le ton, nous sommes dans un monde apocalyptique où tout peut arriver. Car même si la menace est celle du soleil, le fameux « Hard Sun », ce n’est pas le seul élément apocalyptique qui survient dans la série. Neil Cross tente de prendre le mot par les bras et s’en sort alors royalement bien pour définir la situation qu’il dépeint. Quoi qu’il en soit, d’un point de vue narratif, la série suit un chemin plaisant. Cela change de ce que l’on aurait pu voir au premier abord. Hard Sun est un joyeux mélange entre la série policière et la série apocalyptique.

Cela aurait très bien pu être un gros raté, car Hard Sun n’est pas sans défauts non plus. Si Neil Cross m’avait légèrement déçu avec Crossbones (NBC), je dois avouer que j’attendais avec impatience de voir Hard Sun. Voilà donc une série policière violente avec un twist, des personnages forts que la vie adore malmener à sa façon. Avec des enquêtes policières parfois un peu surréaliste tirant sur la corde, on ne peut pas dire que le but de Hard Sun soit d’être réaliste étant donné qu’elle est une série de SF. Le but de Neil Cross était peut-être légèrement différent. Les enquêtes sont souvent liées à cette supposée fin du monde qui a été annoncée, ce qui dans un sens est logique. Imaginez que l’on révèle que la fin du monde c’est dans 5 ans, les émeutes, les meurtres, etc. toute la perversion de l’humanité ressortirait en beaucoup plus fort. Les épisodes ne sont pas tous palpitants mais ils ne sont pas tous brillants non plus. Fort heureusement que la mise en scène de la série vient alors rattraper ses défauts. On retrouve alors au fil des épisodes une patte visuelle qui permet de créer un univers original.

Finalement, il va falloir attendre la saison 2 de Hard Sun afin de voir où est-ce que la série va réellement pouvoir nous emmener de nouveau car le concept pré-apocalyptique n’est pas encore suffisamment bien utilisé, souvent réduit aux enquêtes de nos deux héros et pas suffisamment à l’histoire de la société et de comment cette dernière est en train de vivre.

Note : 6.5/10. En bref, une série policière pré-apocalyptique.