Au moins deux expositions particulièrement dignes d'intérêt à Paris en ces temps pluvieux ...
A ceux qui ne peuvent se contenter du spectacle de la Seine en crue, fût-il hypnotique, point n'est besoin d'aller bien loin pour se rincer l'oeil.
Degas d'abord, à Orsay. Le musée convoque, comme on dit chez les intellectuels, la prose de Paul Valéry qui le fréquenta pour, à l'occasion du centenaire de sa mort, rappeler ses magistrales incursions dans le monde de la danse et de l'art équestre.
L'art subtil de saisir le moment et le mouvement, la grâce des postures, l'originalité des points de vue, Degas avait tous les moyens de maîtriser son délicat sujet. Ses sculptures sont d'un artiste complet et l'on apprécie aussi de le voir furtivement sous la caméra de Guitry, déambulant sur un boulevard peu de temps avant sa mort.
Les textes de Valéry à sa gloire ont ce léger caractère ampoulé qui font leur charme. C'est donc un plaisir de reconsidérer cet écosystème littéraire et artistique qui faisait la gloire de la France. Aujourd'hui, cette sorte de nervure du brio fait cruellement défaut à un pays sans élan.
Autre exposition à ne pas rater, celle sur Fautrier au musée d'art moderne de la ville. L'exploration inlassable de la frontière ténue entre l'abstraction, le matiérisme et la figuration a occupé Fautrier toute sa vie du moins quand il ne tenait pas un bar ou ne donnait pas des cours de ski.
C'est une oeuvre forte, cohérente et qui finalement n'a que peu évolué dès lors qu'il s'éloigna assez jeune de l'héritage réaliste qui le conduisit à peindre des Savoyards comme Van Gogh figurait des paysans flamands.
Une exposition qui fait tâche, dans le bon sens du terme. On sourira enfin au spectacle de l'entretien de Paulhan avec Fautrier, clopes au bec, égrenant les formules mi-enthousiastes mi désabusées sur un art encore très déroutant pour l'oeil inaverti.
Fautrier est mort reclus en poursuivant son labeur loin d'un public qui ne l'intéressait plus guère. Raison de plus pour lui rendre une visite aux allures d'hommage aujourd'hui.