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Témoignage d’un DRH français expatrié en Suisse

Publié le 07 septembre 2017 par David Talerman
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Interview d'un DRH français expatrié en Suisse

Nous continuons notre cycle de témoignages d’expatriés en Suisse avec celle d’un DRH français installé en Suisse, du côté de Lausanne…

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis né en 1983, du côté de la Touraine, au milieu des jolis châteaux de la Loire.
Je suis quelqu’un de très sportif, avec le tennis, le vélo et la course à pied comme passions.
J’ai choisi l’allemand en première langue et j’ai eu la chance de pouvoir partir à l’âge de 15 ans en séjour long en Allemagne, ce qui me permet de maîtriser pratiquement parfaitement cette langue nationale suisse.
J’ai suivi un cursus « logique » afin de pouvoir travailler dans le domaine de la formation : école de commerce, ce qui m’a permis d’être recruté par une multinationale française.

Comment es-tu arrivé en Suisse ?

Ayant été recruté en 2007 à Paris par une multinationale française disposant d’un bureau important en Suisse, j’ai eu la chance de voir ma responsable obtenir une promotion pour finir sa carrière qui consistait en une expatriation de 3 années en Suisse, dans le canton d’Argovie. Celle-ci m’a en effet proposé de la suivre, dans le cadre d’un contrat de travail local. Je suis donc arrivé seul en septembre 2008 avec l’idée de revenir en France lorsque ma responsable prendrait sa retraite. Et le constat peut aujourd’hui être fait que je suis toujours en Suisse plus de 8 ans plus tard, dans une autre entreprise et dans un autre canton, et avec l’intention de rester dans ce joli pays, y ayant acquis un bien immobilier et pouvant faire la demande de citoyenneté d’ici 2 ans, le temps requis pour un Européen étant désormais de 10 ans au lieu de 12 auparavant.

Comment s’est passé ton recrutement en Suisse ?

Le recrutement en Suisse a été très facile puisque ma responsable m’avait déjà choisi…
N’étant pas Parisien, aucune hésitation quant à la nouvelle vie qui pouvait s’offrir à moi, les activités parisiennes (sorties etc) ne pouvant pas se transférer en Suisse allemande. J’ai vite constaté que la langue allemande n’est pas vraiment identique aux nombreux dialectes locaux… mais j’ai choisi de relever le challenge.
J’ai vite remarqué que le salaire proposé qui semblait si attractif dans la simulation, avec le taux de change de l’époque ne me permettrait pas de vivre si confortablement que ça, le tennis étant une activité assez chère.
Mais la grande difficulté a été la date de transfert et le déménagement, puisque la Suisse n’était pas encore dans Schengen en 2008, et il fallait donc suivre toute une procédure pour obtenir le fameux permis de travail, une précieuse aide pour trouver l’appartement et envisager toute la logistique qui suit…

Décris-moi ton métier au quotidien

Je suis un généraliste Ressources Humaines, je coache les responsables d’équipes afin de les aider à développer leurs compétences pour pouvoir accompagner au mieux leurs employés tout au long de leur carrière dans l’entreprise. Je fais le lien entre la Direction et les employés mais je représente la Direction. Par exemple, j’organise les réunions avec les délégués des employés afin de présenter et discuter des changements à mener dans les conditions de travail, et même si je ne suis pas favorable à un éventuel plan de licenciements, je dois le mener quand même et surtout parvenir à l’équilibre entre la stratégie de l’entreprise et le maintien de la paix sociale.

Les Ressources Humaines ont beaucoup évolué depuis les années où on les appelait juste Service du Personnel lorsque le rôle était surtout administratif. Dans les grandes entreprises, on utilise le terme de « Partenaire Business » et le RH doit se comporter en vrai « coach » dans des procédures et périodes clairement définies avec le cycle RH qu’il faut suivre chaque mois, depuis la définition des objectifs annuels entre le responsable et son subordonné, à la définition des actions de formation, en passant par l’évaluation de performance qui impacte la potentielle augmentation de salaire et le paiement du bonus, qui sont à entrer dans un outil informatique…

La partie administrative, comme la gestion des contrats de travail, la rédaction des lettres d’augmentation, de promotion, des certificats de travail ou confirmations d’emploi, les déclarations de cas d’accidents ou maladie, les demandes d’allocations familiales, mais aussi les permis de travail, surtout pour les voyageurs d’affaires en visite en Suisse, cela fait aussi partie de mon quotidien. La gestion mensuelle des salaires a en revanche été externalisée à une entreprise spécialisée.

Comment se sont passés tes 1er jours en entreprise ?

La multinationale française restant la même, l’équipe étant la même qu’à Paris, l’intégration était déjà très facile.
La langue parlée dans l’entreprise étant l’anglais, pas besoin de maîtriser de suite le dialecte local…
Le plus dur a été de voir les prix locaux, puis ensuite les niveaux de salaires pratiqués, qui étaient bien supérieurs à celui sur l’offre que j’avais acceptée. Mais le catch up a pu se faire assez rapidement.

Avec un peu de recul, que dirais-tu de ton expérience en Suisse ?

Aucun regret sur le fait d’être ici aujourd’hui même si je me sens parfois un peu loin de ma famille.
Quand je vois la situation économique en France, je me sens également plutôt en sécurité ici.

C’est un pays qui permet de vivre bien différemment et qui respecte surtout beaucoup plus les différences. Pas de curiosité malsaine, une envie d’aider les gens qui se cherchent, une discipline assez forte.
Une multiculture très riche dans laquelle je me reconnais, parlant l’anglais, l’allemand et le français, et que je ne pourrais pas trouver ailleurs.

On se sent un peu dans la campagne tout en étant parfaitement en ville, les paysages étant magnifiques partout et les infrastructures utltra développées nous mettant toujours à moins d’une heure d’un grand centre économique.

Il est intéressant de comparer le côté allemand où j’étais au début et le côté romand où je suis maintenant : autant le côté allemand est bien trop strict sous certains aspects et manque de flexibilité sur certains thèmes, autant le côté romand est un peu le juste milieu entre notre France et cette Suisse allemande. Un exemple idiot: lorsque le feu est rouge pour les piétons mais qu’il n’y a absolument aucune voiture, le Suisse allemand attend que le feu passe au vert pour traverser. Pas le Suisse romand qui agit comme nous autres Français. Cependant on s’arrête toujours au passage pour laisser les piétons passer lorsqu’on conduit, chose impensable en France…

Si tu devais donner quelques conseils à tes compatriotes, quels seraient-ils ?

Le réseau est très important ici, le marché du travail étant plutôt caché, les offres paraissant lorsque les postes sont déjà pourvus.
Attention, tout le monde se connaît, car c’est un petit monde, ce qui a ses avantages mais aussi ses inconvénients…
Il faut donc commencer à développer son réseau grâce à Linkedin et Xing…


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