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Critique Ciné : L'insulte (2018)

Publié le 01 février 2018 par Delromainzika @cabreakingnews

L’insulte // De Ziad Doueiri. Avec Adel Karam, Rita Hayek et Kamel El Basha.


En 2014, c’était Viviane Amsalem qui se retrouvait en procès contre son mari et les institutions alors qu’elle ne pouvait pas divorcer sans l’accord des rabbins en Israël. Cette année, c’est L’insulte, un film sur fond de conflit entre les palestiniens et les libanais à Beyrouth. L’histoire est une plongée au coeur d’un système qui ne fonctionne pas comme chez nous et intégrant de façon très prédominante les notions politiques et religieuses. L’insulte est intéressant aussi pour sa façon de créer une escalade d’évènements dans la vie des deux personnages qui se battent au tribunal juste pour une histoire d’insulte. Après tout, on insulte les gens facilement chez nous, mais imaginez que demain un procès ait lieu. Si les conséquences ne seraient pas les mêmes, L’insulte cherche à montrer au travers du prisme de cette histoire, combien une petite insulte peut engendrer des phénomènes qui nous dépassent. Mais la conclusion que L’insulte cherche à nous faire comprendre et donc la morale de cette histoire, c’est un vrai plaidoyer en faveur de la réconciliation des peuples, une réconciliation qui est nécessaire car tous ces gens restent égaux de droits. Surtout que le twist qui permet de rapprocher Toni de Yasser démontre que finalement on peut même être un réfugié sans son propre pays.

A Beyrouth, de nos jours, une insulte qui dégénère conduit Toni (chrétien libanais) et Yasser (réfugié palestinien) devant les tribunaux. De blessures secrètes en révélations, l'affrontement des avocats porte le Liban au bord de l'explosion sociale mais oblige ces deux hommes à se regarder en face.

L’humanisme qui ressort de ce film en fait un grand film de façon instantanée. On est plongés dans un univers judiciaire passionnant de façon intelligente. Les scènes de justice sont efficaces et surtout pleine de surprises et de beaux discours, tous plus intelligibles les uns que les autres. Il n’y a pas vraiment de défense ou de parti à prendre, L’insulte laisse le spectateur lui-même décider. A certains moments, L’insulte devient alors une sorte de dramaturgie théâtrale mettant en scène des personnages dans des situations qui vont les confronter à ce qu’ils sont et finalement se heurter au problème de la morale que veut faire passer ce film au final. Le film ne décide pas non plus de prendre parti et les deux personnages sont alors traités de la même façon, de façon égale et c’est justement là que L’insulte prend tout son sens et son intérêt. Le film séduit alors par sa façon de ne jamais faire dans l’académisme dégoulinant. Un peu comme Le procès de Viviane Amsalem finalement qui était lui aussi un très joli film aux propos soignés. Car tout ce que L’insulte raconte n’est jamais raconté au hasard pour un résultat percutant. Je suis allé voir ce film sans trop savoir quoi aller chercher et j’en ressors presque grandi. Une belle leçon d’humanité.

Note : 9/10. En bref, belle surprise de ce début d’année.


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