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[Critique] La Forme de l’Eau

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] La Forme de l’Eau

[Critique] La Forme de l’Eau
Un peu plus de 2 ans après Crimson Peak, Guillermo Del Toro est de retour avec La Forme de l’Eau, une nouvelle réalisation aux accents fantastiques (on ne se refait pas) dont il signe également le scénario. L’histoire s’intéresse à Elisa (Sally Hawkins). Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultra-secret, elle mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule toutefois à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda (Octavia Spencer) découvrent une expérience encore plus secrète que les autres.

Récompensé par de nombreux prix depuis sa présentation à la Mostra de Venise, La Forme de l’Eau est un film complètement indissociable de son réalisateur. Comme à son habitude, le cinéaste mexicain confère en effet à son œuvre une aura toute personnelle, que certains qualifient même, avec raison, de supplément d’âme. Celle-ci se traduit non seulement sur le fond, le scénario reprenant bon nombre de codes auxquels Del Toro nous a habitués au cours de sa carrière, mais surtout sur la forme, les images dégageant une poésie indéniable durant deux heures. Toujours fluide et élégante, la mise en scène compose des plans d’une grande beauté, parmi lesquels toutes les séquences aquatiques sortent nettement du lot. On appréciera également le soin apporté à la direction artistique, tant du point de vue des couleurs, de l’éclairage, que des décors, qui insuffle au projet une véritable identité graphique. Malheureusement, c’est peu de dire que le script peine à atteindre le même niveau. Malgré toute la tolérance que l’on peut avoir pour ce genre de conte fantastique, avec tout ce que cela implique comme innocence et naïveté, le récit accumule effectivement les faiblesses.

[Critique] La Forme de l’Eau
La plus importante concerne certainement les personnages, qui souffrent tous d’une écriture extrêmement limitée. Outre le fait qu’ils ne dépassent jamais le cadre du stéréotype, ils échouent aussi à véhiculer de véritables émotions. Non pas que le long-métrage en soit dépourvu, il dispose même de scènes plutôt touchantes, mais le manque de profondeur des protagonistes et l’expédition abrupte des séquences minimisent fortement leur impact. Un défaut regrettable pour un film censé provoquer un tourbillon de sentiments, et dont le potentiel émotionnel est, de surcroît, tout à fait perceptible. Si on passera sur l’absence – étonnamment arrangeante – de sécurité dans le complexe gouvernemental, l’artificialité de la plupart des situations se révèlent en revanche particulièrement dérangeantes. Comme si Guillermo Del Toro avait concentré l’essentiel de ses efforts sur les sentiments recherchés, plutôt qu’à la manière idéale de leur rendre justice. Il en découle du coup un film aux intentions louables, et à la tendresse palpable, mais dont la lourdeur du traitement et la précipitation des scènes réduisent à néant toutes les bonnes idées.

En définitive, malgré une direction artistique assez remarquable (superbes séquences aquatiques), La Forme de l’Eau se révèle donc être une véritable déception. Plombé par un scénario aussi lourd qu’expéditif, le film échoue à exploiter tout le potentiel émotionnel de son récit, l’empêchant au final d’être vraiment mémorable. Reste malgré tout un formidable message d’ouverture et de tolérance.


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