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Sur quelques absurdités quotidiennes dans les sciences sociales (5)

Publié le 02 février 2018 par Antropologia

Les faits (1)

Dans le monde médiatique, dire s’appuyer sur des faits constitue l’alpha et l’oméga de la vérité. Le seul problème est que les faits ne nous sautent pas à la gorge. Ils n’accèdent à notre connaissance que par la médiation d’informations qui, tôt ou tard, passent par le langage. En conséquence, la « transformation » des pratiques en discours partagé ou partageable, ce saut périlleux que constitue la « verbalisation », ne peut se faire que par un minimum d’examen critique.

Ces évidences sont généralement occultées ou oubliées soit pour des raisons pratiques – faire simple – ou institutionnelles – accéder immédiatement à la « réalité ». Elles me semblent pourtant indispensables à l’expression de tout discours « sérieux ».

Comme d’habitude tout un appareillage a été mis en place pour échapper à ces exigences et l’un d’eux fut appelé par Sorokin, la « quantophrénie », la manie de quantifier : « les chiffres le disent » entend-on comme s’ils n’avaient pas été fabriqués au goût de leur auteur.

Les faits n’existent pas, il n’y a que des informations, discutables. L’antique critique historique permet de les hiérarchiser et de les inclure dans une chronologie pour aller de la plus vraisemblable à la plus discutable.

Bernard Traimond

SOROKIN, Pitirim, Tendances et déboires de la sociologie américaine, Paris, Aubier, 1959.


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