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Amour de la patrie

Publié le 03 juillet 2008 par Malesherbes
Enfin une bonne nouvelle, la libération d’Ingrid Bétancourt ! Elle a suscité chez moi quelques réflexions que je vous livre ici.
La première tient à la fragilité des indications livrées par ceux dont le métier est de nous informer. Dans les premiers instants suivant cette annonce, on nous confia que les militaires colombiens s’étaient fait passer pour les membres d’une ONG. Une telle ruse m’était apparue comme criminelle, risquant pour l’avenir de compromettre la sécurité de ces organisations, déjà trop souvent accusées d’agir pour l’une ou l’autre des parties en conflit. Heureusement ce n’était pas le cas et il faut se féliciter de la crédulité des guérilléros qui n’ont pas été surpris de voir leur mouvement en perte de vitesse disposer d’hélicoptères en état de voler.
La deuxième porte sur l’incohérence de la politique de notre gouvernement. Alors que son aile chargée de l’extrême-droite, M. Hortefeux, s’applique à remplir son quota de vingt-cinq mille expulsés annuels, le Président Sarkozy se déclare prêt à offrir l’asile, et donc sans doute des papiers, à des repentis des FARC. Ce qui est paradoxal, c’est que ceux-là sont des malheureux cherchant, au péril de leur vie, à échapper à la misère, alors que ceux-ci sont des révolutionnaires engagés depuis des années dans une lutte armée contre leur gouvernement. Et cela au moment où notre police envisage de constituer un fichier avec les noms des mineurs de treize ans ou plus susceptibles de causer des troubles.
La troisième est relative au contraste entre deux personnages politiques. Certes, pendant sa longue captivité, Ingrid Bétancourt a eu tout le loisir, sinon le cœur, de réfléchir à ce qu’elle dirait si jamais elle recouvrait la liberté. Mais on ne peut qu’admirer la maîtrise dont elle a fait preuve dans ses premières paroles, s’affirmant ainsi comme un remarquable animal politique : hommage au Président Uribe, qu’elle avait combattu et dont elle attribue les succès face à la rébellion à l'absence d'alternance, déclarations patriotiques et remerciements aux Colombiens. Quel contraste avec notre Président, trop souvent incapable de maîtriser ses nerfs et aux innombrables décisions politiques malheureuses.
La quatrième se rapporte à cette phrase que l’on a vu salir nos murs ou certaines bouches : «si vous n’aimez pas la France, quittez-la !». Ingrid Bétancourt, fille d’un ancien ministre colombien, a passé une partie de son enfance et de ses études en France. Devenue française par mariage, candidate à l’élection présidentielle en 2002 en Colombie, elle vient par ses propos à sa libération d’administrer la preuve qu’il était possible d’appartenir à deux pays. S’excusant auprès des Colombiens d’adresser quelques mots aux Français, elle a délivré un émouvant message d’amour à la «douce France». Belle leçon pour tous ceux qui ont quitté notre pays ou qui se sont apprêtés à le faire pour de l’argent, alors que tant d’autres ont donné leur vie ou bien la risquent encore quotidiennement pour lui. Et que dire de l’hypocrite qui prétend seulement témoigner sa reconnaissance à Monaco, dont nul n’ignore l’histoire glorieuse, quand il a construit sa réputation à partir de la gastronomie française que notre Président voudrait voir inscrite au patrimoine de l’humanité. Allez, Ducasse, casse-toi !

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