Il est difficile de juger les gens. Clémenceau, par exemple, aurait été une trublion. C'est un médecin qui semble avoir peu pratiqué. C'est un orateur exceptionnel. Son verbe fait tomber les gouvernements. Il arrive tardivement au pouvoir, au ministère de l'intérieur. Une grève. C'est un homme de gauche. Il est du côté des ouvriers. Mais, il trouve qu'ils vont trop loin. Il fait intervenir la troupe. Il se révèle un homme d'ordre. C'est l'histoire de la "fameuse brigade du Tigre", feuilleton de ma jeunesse, dont je n'avais pas compris le titre. Il semble qu'alors régnait l'incurie en France. Clémenceau, homme de progrès, y met un terme en inventant la police moderne, scientifique et équipée du dernier cri de la technologie. Voilà un changement réussi, dont on ne parle pas souvent.
Jaurès est quasiment l'opposé de Clémenceau. Et pourtant leurs idées semblent très proches, notamment en termes d'éducation (qui doit libérer l'homme). Jaurès, c'est le pacifiste, qui meurt en martyr. Il est non marxiste. Et pourtant, il encourage les actions violentes des ouvriers. C'était aussi un grand bourgeois, le rejeton d'une famille d'amiraux...