Les Innocents est avant tout une adaptation de Témoin sous silence (en VF) diffusée il y a près de deux ans sur Arte, une série norvégienne. Mettre en scène une romance gay en primetime sur TF1, ce n’est pas la première fois que la première chaîne d’Europe le fait et cela fonctionne ici plutôt bien. Mais ce qui fait l’intérêt de Les Innocents c’est le drame familial qu’il a autour de ces deux garçons. Le meurtre et l’affaire qui entoure ce meurtre restent assez classique. La trame ne change pas de beaucoup de séries policières que l’on a pour habitude de voir ce qui est presque désolant par moment. Avec un joli casting, la série lisse alors son propos et parvient à creuser un peu plus la profondeur dramatique des personnages. Car le but de Les Innocents ce n’est pas de faire une série policière, comme la série originale norvégienne. Les épisodes s’enchaînent et la trame suit alors un chemin intelligent en évitant certains pièges de la mini-série thriller que l’on a pour habitude de voir sur TF1 (La Vengeance aux Yeux Clairs, Le tueur du Lac et j’en passe). Mais grâce à cette affaire, Les Innocents ne nous laisse pas sans aucun rebondissements. Bien au contraire, on se retrouve avec pas mal de moments intenses où les personnages sont mis en danger. C’est ce qui fait la force et l’originalité de ce récit finalement.
Delphine Labouret et Didier Le Pêcheur, à l’origine de cette adaptation de la série originale, parviennent alors à développer la personnalité de leurs personnages tout en créant un monde policier suffisamment haletant en trame de fond. La série parvient également à poser des questions intelligentes sur l’acceptation de l’homosexualité, le coming-out et les conséquences que cela peut avoir dans une bourgade comme celle qui nous est dépeinte ici. A côté de ça, Frédéric Berthe donne à la série un ton visuel particulier qui démontre une certaine ambition de la part de TF1. On laisse de côté certains travelings dégueulasses que les séries policières françaises aiment, pour quelque chose de plus intimistes ce qui permet de se sentir un peu plus proche des personnages. La photographie de la série est alors lumineuse et parvient à délivrer quelque chose de froid et chaud à la fois. Un savant mélange qui séduit. Les Innocents parvient donc à séduire par rapport au solide mélange qu’il y a et qui donne envie d’enchaîner les épisodes avec aisance. Ce n’est pas révolutionnaire, ni une sorte de renouveau de la création française en termes de série, mais au delà de la trame classique, Les Innocents sait créer de bons rebondissements intelligents.
Les Innocents est donc une bonne petite mini-série chorale, qui laisse alors de la place à chacun de ses personnages sans en donner un plus important qu’un autre. Tout le monde est égal devant la fiction et développe son histoire sans empiéter sur celle des autres. Avec Odile Vuillemin, on aurait pu s’attendre à ce que Les Innocents lui donne un personnage torturé comme elle aime en incarner. Par chance, elle démontre qu’elle sait faire d’autres choses ici. De plus, Tomer Sisley est parfait dans un rôle de bad-guy assez froid sur les bords. Mais ce sont les deux adolescents qui surprennent le plus, Jules Houplain et Victor Meutelet nous offrent une belle relation touchante pleine de charisme et partageant alors l’alchimie de chacun des personnages de façon intelligente. Finalement, Les Innocents délivre tout ce que l’on pouvait attendre d’une bonne mini-série évènementielle sur la première chaîne d’Europe. TF1 démontre son ambition dans le monde de la fiction, bien loin de ces trucs étranges qu’elle peut toujours produire par moment et je pense notamment à La Vengeance aux Yeux Clairs ou encore Le tueur du Lac, des aventures policières ou des revenge-movie de seconde zone alors qu’elle a des talents à la maison qui peuvent très bien faire de bons trucs (même si l’occurence ici c’est tout de même un remake).
Note : 7/10. En bref, une solide mini-série charismatique, touchante et aux rebondissements haletants.