Après une vingtaine d'années d'innovations en tout genre dans le domaine des paiements et la création de milliers de startups dédiées à tous les cas d'usage imaginables, on tendrait à imaginer qu'il ne reste plus de besoin en manque de solution. La française Pledg a pourtant identifié un point de douleur persistant : le paiement à plusieurs.
Dans le monde moderne, les situations dans lesquelles un groupe d'amis se retrouvent à devoir répartir une dépense entre eux se multiplient : achat de billets de spectacle, réservation de voyage (avec la certitude d'être ensemble), installation d'un équipement commun (réfrigérateur, canapé…) dans une colocation… Jusqu'à maintenant, les seules possibilités étaient soit de créer une cagnotte au préalable, soit pour l'un des participants d'avancer la somme nécessaire puis de se faire rembourser, au prix de délais parfois incompatibles avec le projet ou de l'embarras d'avoir à gérer des relances.
Pledg propose donc aux marchands en ligne (notamment dans le secteur du transport et du divertissement) un moyen de paiement spécifique : quand le représentant du groupe sélectionne cette option au moment de régler l'achat commun, il fournit les coordonnées de sa carte, sur laquelle une autorisation sécurisée est demandée pour la totalité du montant dû, ainsi que les adresses mail des autres membres. Ces derniers vont alors recevoir un message leur demandant de verser leur quote-part dans les 48 heures.
En arrière-plan, bien qu'aucun encaissement ne soit réalisé auprès des clients lors de la finalisation de la transaction, le commerçant est réglé immédiatement, via une avance de trésorerie. De son côté, Pledg collecte les versements des participants (en émettant des relances à destination des retardataires, si nécessaire). À l'issue du délai imparti, la personne qui a effectué l'achat et a « garanti » l'opération voit sa carte débitée de la somme restant due (comprenant donc les parts de ses amis négligents, le cas échéant).
Si la valeur de la promesse aux consommateurs est évidente (à l'exception d'une petite dégradation du parcours de paiement, toutefois incomparable aux frictions des méthodes alternatives), les marchands trouvent également leur compte dans l'approche de Pledg : outre l'accès simplifié à une population d'acheteurs difficile à satisfaire, elle leur permet aussi de capter des informations sur tous leurs clients « réels » et non uniquement sur le payeur. Ils sont même prêts à accepter la commission de la startup pour cela.
En réalité, le problème des paiements à plusieurs était déjà adressé en 2014, par une jeune pousse britannique, « tab. » (qui ne semble pas avoir survécu). Son principe de fonctionnement n'offrait cependant pas le même niveau de flexibilité que Pledg, puisqu'il exigeait de formaliser la constitution du groupe d'amis avant l'achat (comme le demanderait une adaptation d'un système tel que celui de SharePay).
Deux e-commerçants – TicketTac.com et La Carène – ont d'ores et déjà implémenté la solution de Pledg et en sont visiblement satisfaits, tandis que leurs clients sont prompts à l'adopter et l'apprécier (en pratique, les paiements des participants « secondaires » sont souvent très rapides, d'ailleurs). Pour l'équipe fondatrice, le défi consiste maintenant à capter l'attention d'autres marchands et valider l'intérêt du modèle à grande échelle.