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562ème semaine politique: cette "ambiance de grossièreté" qui empoisonne la République

Publié le 11 février 2018 par Juan

Où l'on retient combien cette semaine politique en France fut grossière comme la République, en marche et en panne, le fut. 

Sinistre.

Il aurait fallu parler du retour, sans moyen, de la police de proximité.
Jolie mesure, joli coup. Un contre-feu rapide après les "mauvaises" polémiques sur les migrants.
Grossièretés corses
Jupiter va en Corse. Tweets, Facebook posts, caméras et photographes, tout est là pour que le déplacement soit h-i-s-t-o-r-i-q-u-e.
Un parcours "semé d'embûches" prévient-on. Jupiter arrive en terrain qu'il croit conquis. Les combats en Corse, depuis qu'ils ne tuent plus, sont symboliques comme de savoir si le drapeau corse doit être devant le drapeau de la République, ou pas. Ces Corses et Macron ont les combats qu'ils peuvent.
A Ajaccio, à propos de l'assassinat de Claude Erignac, Jupiter a de mauvais propos, des propos qui rabaissent sa fonction: "Ce qui s’est passé ici le 6 février 1998 ne se justifie pas, ne se plaide pas, ne s’explique pas." Le bâtonnier Stéphane Nesa s'insurge. Macron a tort. La République ne doit pas tomber dans le piège. La défense, fut-elle de criminel(le)s, a toujours des droits. Il est grossier, au sens le plus basique du terme, que d'expliquer publiquement qu'un accusé, fut-il d'un crime horrible, n'a pas le droit à une défense. Le loyal François de Rugy, président désigné de l'Assemblée nationale justifie;: "Je crois que c’est important que l’on reconnaisse la spécificité et l’identité de la Corse. Le faire dans la Constitution est un signal fort, c’est affirmer que la Corse se situe dans la République française". Mais qui donc pensait que la Corse n'était plus dans la République ?

"Et en même temps", Macron renvoie des nationalistes corses grincheux et grossiers dans les cordes. Il leur accorde la mention symbolique de la Corse dans la Constitution, un joli hochet. Et balaye, fort heureusement, les autres bêtises des Napoléons du coin.
Ce déplacement présidentiel en Corse était une distraction médiatique, médiocre.
Hulot, aussi
Quelques heures plus tard, un ministre au bord de larmes vient devancer l'accusation médiatique. Le lendemain paraît un article à charge, où deux journalistes exhument une affaire vieille d'une décennie, jamais poursuivie en justice pour cause de prescription. Nicolas Hulot a été accusé de viol par une femme, qui ne conserve son anonymat que quelques heures encore. Qu'une victime se dévoile longtemps après un acte, même si les faits sont prescris par la loi, est heureux et nécessaire. Mais là n'est pas l'affaire. La femme n'a rien demandé. Elle doit se dévoiler le lendemain, expliquer qu'elle n'est pour rien dans cette révélation dont on ne sait finalement pas grand chose. Hulot est dévasté. Une ministre macroniste accuse le journal, dirigé par un ancien ministre hollandais, de se venger. Quelques beaufs misogynes en rajoutent pour dénoncer le mouvement #balancetonporc. D'autres accusent le journal de se faire de la pub à moindre frais (qui sait réellement combien risque un média naissant à publier de fausses informations ne sortirait pas pareille bêtise).
Hulot serait-il "l'homme à abattre" ? Pas vraiment, il, s'est abattu tout seul dans une sorte de suicide politique achevé avec sa nomination ministérielle par Jupiter. Nicolas Hulot incarne depuis des années la schizophrénie française vis-à-vis de la lutte pour l’environnement: un discours généreux et quelques actions puissantes, "et en même temps" un comportement personnel contradictoire (sa collection de véhicules diesels, les shampoings et autres produits dérivés chimiques d'Ushuaïa). Enfin ministre, il couvre des reculs et ses reniements incroyables -  sur les perturbateurs endocriens,  le Glyphosate le CETA, inquiétudes et même son "dada", la fin des énergies fossiles, Hulot autorise de curieuses exceptions.  Hulot est même silencieux sur les compteurs Linky d'ERDF (près de 6 milliards d'euros), tout justes épinglés par la Cour des Comptes
Fin décembre, le soir de la Saint-Sylvestre, un décret paraît au JO pour autoriser les préfets à faire fi, entre autres, des normes environnementales dans quelques régions et départements, pour "alléger les démarches administratives, réduire les délais de procédure ou favoriser l’accès aux aides publiques".

Non, personne n'a besoin de "fouiller" dans la vie de Hulot pour l'affaiblir. Ce ministre est un alibi politique qui ne sert à rien pour la défense de l'environnement.
La boucherie saoudienne
Jupiter subit une séquence internationale. Il la subit, littéralement. Pas de show au Château de Versailles, de déclaration bilingue et schizophrène à Davos. Cette semaine, une actualité internationale désagréable force les portes de l'Elysée. En Syrie, les forces de boucher Assad sont en passe de terrasser les dernières poches de résistance, au grand dam des ONG. L'ONU est impuissante, la Russie met son veto à toute prise de position. Macron appelle Poutine, en vain. Notre Jupiter national, si prompt à de grands shows médiatiques au Château de Versailles, ne peut grand chose. Au Yémen, les forces saoudiennes bombardent. Les morts de civils s'accumulent. Les armes françaises font merveille. 30 000 bombardements, on imagine l'efficacité française... L'Arabie Saoudite est un très bon client. A la fin de son mandat, François Hollande avait autorisé pour 455 millions d'euros de ventes d'armes que l'on devinait destinées à la répression au Yémen. Macron lui-même joue au pompier pyromane: il signe des contrats d'armements avec le rival qatari (en décembre), puis  avec les Emirats Arabes Unis, allié militaire des Saoudiens dans le guerre au Yémen. Et dans quelques jours, il y retourne. "Et en même temps", il fait des œillades appuyées aux dirigeants saoudiens. En novembre dernier, il s'invite à l'improviste.
"Pour ce qui est des chars Leclerc, je vous confirme que leur implication au Yémen a fortement impressionné les militaires de la région" Stéphane Mayer, PDG du groupe Nexter, 2017.
Interrogée sur l'utilisation de bombes françaises au Yémen sur France inter, à quatre reprises, la ministre de la défense Florence Parly est grossière ce maton-là. Elle bredouille que c'est bon pour l'emploi en France. Quel est ce gouvernement qui s'enflamme contre le lointain Venezuela (duquel il encourage les importations de pétrole), mais n'a pas un mot sur la catastrophe humanitaire yéménite ? D'autres pays de l'Union européenne ont interdit l'exportation d'armes vers l'Arabie Saoudite, pas la France. Mais la Macronista est trop heureuse de clamer la hausse historique de son propre budget militaire.
La République en panne
A l'Assemblée, c'est bien une entreprise de destruction du Parlement qui se déroule devant nous. Christophe Castaner, toujours ministre ET patron désigné par Jupiter de LREM, joue sur son smartphone quand François Ruffin parle du burn-out. Ce n'est pas la première fois, ni sans doute la dernière que des élus macronistes expriment leur mépris.
François de Rugy, un homme de toutes les trahisons propulsé président de l'Assemblée grâce au vote sans concurrence de quelque 300 élus, LREM, peaufine la réforme de l'Assemblée. Il applique les consignes du patron de l'Elysée. Jupiter avait promis un plan social au Palais Bourbon, 277 députés de moins, sur 577. Cette promesse, comme beaucoup d'autres, n'a pas vraiment été au cœur de la campagne, c'est le moins qu'on puisse dire. Disposer de davantage d'élus pour travailler nos lois n'est pas une priorité macroniste, bien au contraire. La loi Travail a supprimé nombre d'instances spécialisées de représentation des salarié(e)s, nous sommes prévenus. Le jeune monarque n'aime pas trop les représentations intermédiaires. Il a fait fusionner toutes les instances en un seul comité suroccupé, sous-équipé, sous-représenté. La "République en marche" cherche le recul de la représentation parlementaire ou sociale.
De Rugy s'y croit. Il dérape quand il présente la démarche: "la première fois que la réforme de la Constitution part du Parlement". C'est faux, c'est grossièrement faux. Cette réforme constitutionnelle est une initiative jupitérienne. Les député(e)s godillots sont appelé(e)s à l'écrire dans les règles de la volonté présidentielle, puis à la voter. Et, surtout, se taire.
Faire voter par des député(e)s leur propre plan social, n'est-ce pas cynique et truculent à la fois ?

Autre grossièreté, des enfants dorment dehors, dans la neige et le froid. En France. Migrants, ils évitent les centres d'accueil puisque Jupiter et son sinistre Collomb ont décidé d'y envoyer des agents de préfecture pour repérer les clandestins. Dans les sondages, Macron est en passe de perdre ce combat-ci, humanitaire. Ni de gauche, ni de droite, juste humanitaire.
Jupiter s'inquiète des "signaux faibles". Il demande à ses proches de le rassurer. Il stresse. Les retraités, ce vivier électoral de Sarkofrance et aujourd'hui de la Macronista, gronde, hausse de la CSG oblige. Cette baisse de popularité liée à la question du pouvoir d’achat est évidente. Mais même sur la question des migrants, où l'intolérance et la violence des mesures macronistes devaient emporter une large adhésion xénophobe, la roue tourne. Une immense majorité des sondés refuse cette ignominie jupitérienne.
La honte sans l'efficacité, voilà où est tombé Macron. Que dire de ce plan social dans la fonction publique, 120 000 agents à virer avec un plan de départs volontaires. Rien que ça. L'annonce, une semaine avant une semaine enneigée où la France entière râle contre le manque de fonctionnaires pour faire face....  N'est-ce pas truculent également ? Plus grossière fut la réaction de ce député LREM, Sylvain Maillar: "Même dans les cas de grand froid, certains SDF ne souhaitent pas être mis à l'abri. Certains SDF souhaitent rester seuls dans la rue, c'est leur choix. Rien ne les oblige à être mis à l'abri".  Un "connard" rétorque à juste titre l'un d'entre eux.
Dernière grossièreté, le pouvoir d'achat. On apprend que 21 millions de salariés ont vu leur salaire net augmenter en  ce mois de janvier. L'élément de langage avait été posé en septembre dernier. Que la République en marche est généreuse et ... hypocrite: ce cadeau couterait 7 milliards d'euros (pour 21 millions de foyers). C'est à, peine le double de l'allègement fiscal accordé aux quelque 350 000 foyers anciennement bénéficiaires de l'ISF. La belle arnaque... Accorder quelques euros aux uns, les plus nombreux, et quelques millions à une poignée d'autres, n'est-ce-pas grossier ? A l'inverse, les retraités paieront plus.
C'est ainsi.
Ami macroniste, merci.


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