Si l’on connaît la première partie de la célèbre phrase de Churchill à propos de la Russie : « C’est une devinette enveloppée de mystère à l’intérieur d’une énigme », on en oublie souvent la deuxième partie, qui pourtant est plus intéressante et démontre une analyse plus fine que ce que l’on pourrait penser : « Mais il existe peut-être une clé. Cette clé est l’intérêt national russe[1]».
Depuis 2013 et la crise Ukrainienne, la Russie est redevenue un sujet capital dans le domaine des relations internationales, et la question de ses intérêts, de sa puissance et de ses stratégies semble se poser à nouveau. En réalité, ces questions ont toujours été présentes au cours des siècles précédents, et même durant les années 1991-2010, mais parfois oubliées par les observateurs étrangers, par confort, paresse intellectuelle, ou simple manque d’intérêt. Pourtant, comment imaginer qu’un ancien empire, devenu une des deux puissances dominantes du XXème siècle, accepterait sans ciller une relégation brutale au rang de subalterne dans les relations internationales contemporaines ? Des siècles de stratégie vis-à-vis de l’étranger pour s’en inspirer, l’influencer, et nourrir sa propre stratégie de puissance n’ont pas disparu brutalement en 1991. Le pays a été indéniablement affaibli, mais les structures de pensée, les organes politiques et les hommes – dont Vladimir Poutine – ont permis sinon une continuité, au moins d’avoir des bases solides pour relancer une campagne d’influence visant à faire, à nouveau, de la Russie une puissance avec laquelle il faut compter dans l’ordre mondial contemporain.
En 2018, les leviers d’influence de la Russie s’appuient essentiellement sur les médias du type Sputnik et Russia Today. L’audience des ces médias aux Etats-Unis et les polémiques qu’ils génèrent, y compris en France, démontrent que l’effort russe dans ce domaine a eu quelque succès. Néanmoins, les sanctions imposées par le monde occidental et la baisse de ses capacités financières liées aux fluctuations du prix du pétrole l’obligent à réduire ses marges de manœuvre indirecte. La fermeture éventuelle de l’Institut de la Démocratie et de la Coopération de Paris témoigne du caractère relatif que le Kremlin accorde à ce type de moyen d’influence indirect. L’IDC déployait son activité dans plusieurs pays européens et organisait principalement des rencontres sur des sujets de politique internationale.
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[1] Winston Churchill en 1939 sur la BBC, au sujet de la politique étrangère de l’URSS.
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