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Sur quelques absurdités quotidiennes dans les sciences sociales (10)

Publié le 17 février 2018 par Antropologia

Le macro et le micro.

« Le « micro » permet d’étudier le « macro » » écrit Yves Winkin à la page 123 d’un livre par ailleurs essentiel, Anthropologie de la communication. Il ne veut pas voir qu’entre eux, il n’y a pas seulement une différence d’échelle mais surtout, que le premier est observé alors que le second est conclu « à partir de statistiques » pour reprendre les termes de De Certeau (1980 : 118), ce qui exclut toute continuité entre eux. Naguère, l’économie politique parlait de « no bridge » même s’il me semble qu’elle l’a oublié.

Adorno dans Minima Moralla et plus encore la postface d’Abensour, nous donne pourtant des raisons supplémentaires de privilégier le « micro » car il constitue l’espace de résistance à la domination et le lieu d’expression de la singularité. Que ce soit pour la qualité des informations (sources de première main) ou pour des raisons politiques, le petit constitue le lieu privilégié des recherches de qualité. Ce n’est pas la microhistoria italienne qui le démentira et encore moins le vieil Auerbach.

Pourtant, nous voulons disposer de l’image d’une période, d’un pays ou d’une société, d’un large domaine. Pour cela, nous avons évidemment le droit de l’imaginer à partir de quelques cas mais il ne s’agit que d’exercer la liberté du lecteur qui échappe aux exigences de la preuve auxquelles doit (ou devrait) se soumettre tout chercheur.

Bernard Traimond

ADORNO, Theodor, Minima Moralla. Réflexions sur la vie mutilée, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 2005.

AUERBACH, Erich, Mimesis, Paris, Gallimard, Tel, 2000.

DE CERTEAU, Michel, L’invention du quotidien, Paris, 10/18, 1980.

WINKIN, Yves,  Anthropologie de la communication, Paris, Points, Essais, 2001.


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