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A ce jour, les promesses annoncées par les différentes recherches en cours laissent songeurs : homme génétiquement modifié et doté, dès sa naissance, de gènes de résistance aux maladies, voire augmentation du QI ; sang artificiel créé à partir de cellules souches ; utérus artificiel avec gestation hors ventre à partir de simples cellules de la peau et sans spermatozoïde ni ovule (une grossesse sans cordon ombilical permettrait par exemple de s’affranchir des quelques 250 perturbateurs endocriniens que l’on peut y trouver) ; etc. Bref, les exemples sont nombreux mais soulèvent aussi de vraies questions : surpopulation, risque d'appauvrissement de l'espèce, apparition d’une nouvelle forme d'eugénisme et bouleversement voire dérèglement des écosystèmes. Que penser pourtant de cette récente découverte aux Etats-Unis, dans l’Indiana, et qui a rapporté qu’à la suite d’une mutation génétique, les Amish voyaient leur espérance de vie rallongée de… 10 ans ! Si cette mutation génétique était proposée sur le marché de la santé de confort demain, ne serions-nous pas tentés ? Assurément, il faut dès à présent chercher à accompagner le mouvement biotechnologique ou bien le temporiser pour se donner les moyens d’avancer dans les meilleures conditions possibles. Rentrer dans une dynamique d’opposition manichéenne ne mènerait effectivement à rien et n’empêcherait pas ceux qui le souhaitent de pratiquer ce qu’on appelle désormais du tourisme cellulaire. Il est préférable d’éviter d’entrer dans une logique de pour et de contre. L’idée est que chacun parvienne à trouver son parti, que ce soit pour soigner des pathologies, pour du confort ou du loisir, mais dans un contexte où les libertés sont correctement délimitées.
Demain en matière de bioéthique des règles fondamentales de respect et de protection devront être énoncées. D’une part pour libérer et encadrer l’innovation et, d’autre part, s’assurer qu’en cas de non-respect des sanctions exemplaires seront appliquées. Et, en cela les états généraux de la bioéthique entamés le 18 janvier et prévus pour aboutir à une nouvelle loi d’ici l’automne, vont dans le bon sens. La France est déjà en train de prendre du retard sur ses voisins. Eux innovent tandis que nous sommes dans l’interdit. La Chine, quant à elle, détachée de toutes contraintes réglementaires et de barrières culturelles, conjugue les biotechnologies au présent et a déjà pris sur tout le monde plusieurs longueurs d’avance. Côté européen, le risque est de perdre notre capacité à devenir autonomes sur ces sujets et à en capter les parts de marché.
A propos de l'auteur : Mickaël Réault est dirigeant fondateur de Sindup.