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Hélicoptères : reprise du marché et foison de projets innovants

Publié le 25 février 2018 par Toulouseweb
Hélicoptères : reprise du marché et foison de projets innovants

Après avoir traversé plusieurs années de récession, le marché des hélicoptères semble être sur le chemin du rétablissement. Le salon Heli Expo, qui se tient chaque année à Las Vegas, ouvre ces portes cette semaine du 26 février 2018. Il est le rendez-vous incontournable des professionnels du marché des voilures tournantes et donne une idée de la tendance des ventes pour l'année en cours. En amont de son ouverture, nous vous proposons une revue des principaux enjeux et acteurs du secteur. Des hélicoptères dernière génération d'Airbus Hélicoptère au projet de la société suisse Kopter, en passant par les nouveaux transporteurs urbains électriques, l'année 2018 mérite l'attention des amateurs et professionnels de voilures tournantes.

Une poignée d'acteurs pour un marché restreint

Comme c'est bien connu, opérer un appareil volant est une affaire coûteuse. Les avions, par leur relative simplicité technique restent les types d'aéronefs les plus utilisés, notamment en raison d'un coût d'utilisation abordable. Les hélicoptères quant à eux, bien qu'indispensables pour accomplir certaines missions, restent désavantagés par des coûts opérationnels qui peuvent être jusqu'à trois fois supérieurs à ceux des avions. A titre d'exemple, une heure de vol sur un avion d'une tonne tourne dépasse rarement les 200 € alors il faut s'acquitter d'au moins 400 € pour réaliser la même chose sur un équivalent à voilure tournante.

Conséquences, les opérateurs d'hélicoptères sont moins nombreux à l'échelle mondiale et le nombre de fabricants se compte dans les doigts de la main. En 2016, 917 hélicoptères ont été livrés par une poignée de producteurs, parmi lesquels Airbus Hélicoptères, l'américain Bell, l'italien Leonardo, Robinson ou encore Guimbal. Trois marchés principaux alimentent leurs revenus : le travail aérien (transport de personnels vers les stations off-shore, surveillance de gazoducs ...), la formation au pilotage et les propriéraires privés.

La fin des années noires

Quelles sont les tendances de ces marchés ? Depuis 2013, les chiffres des livraisons d'hélicoptères ont été entraînés sur une pente infernale, avant toucher le fond en 2016. Ainsi, de 1768 unités en 2013, les livraisons annuelles sont tombées à 1238 unités quatre ans plus tard, représentant une baisse de près de 30%. Des années noires pour les hélicoptéristes ...

Pour expliquer une telle baisse des ventes, plusieurs raisons peuvent être évoquées. La première concerne le marché du pilote privé et s'applique aussi bien pour les avions que pour les hélicoptères. Après la crise de 2008, les loisirs coûteux comme celui du pilotage ont été mis de côté et les chiffres de ventes d'appareils privés en ont ressenti les conséquences. Deuxième raison, la baisse du dynamisme des ventes en provenance des nouveaux marchés majeurs comme la Chine, le Brésil, l'Inde et la Russie. A la suite d'une crise économique initiée il y a trois ans, les intentions d'achat ont par exemple baissé de 20% entre 2015 et aujourd'hui au Brésil.

Mais la raison la plus significative quant à ces années noires reste liée au secteur pétrolier. Les stations off-shore, qui opèrent des hélicoptères pour transporter du personnel depuis les côtes, ont subi de plein fouet les conséquences d'un coût du baril en chute depuis 2013. Si leurs revenus baissent, les pétroliers limitent leurs investissements et achètent moins d'hélicoptères.

En 2017 toutefois, une lueur de reprise est clairement perceptible, comme les chiffres en témoignent : bien que les données officielles n'aient pas encore été enregistrées pour le dernier trimestre, il est raisonnable d'estimer une croissance de 4,2% pour les livraisons d'hélicoptères et de 5,2% pour les revenus par rapport à l'année précédente. C'est une bonne nouvelle pour les fabricants qui ouvriront certainement le salon Heli Expo 2018 sur une bonne note. Gageons que la tendance se maintienne.

Moment opportun pour les nouveaux entrants ?

La crise du secteur des voilures tournantes n'a cependant pas découragé les nouveaux entrants. Des nouveaux modèles développés par les producteurs historiques aux nouvelles compagnies, la liste des projets novateurs ne s'est pas désemplie depuis 2013. Certains prometteurs, d'autres voués à un avenir moins certains, ils donnent une idée de la structure du marché des hélicoptères pour les années à venir.

Airbus Hélicoptères, qui verra son président Guillaume Faury quitter prochainement la tête de l'entreprise, est le chef de file incontesté du secteur avec 30% de parts de marché. Pendant son mandat, le PDG sortant a conduit le développement du projet H160, attendu comme l'hélicoptère prodige du fabricant. Par son gabarit, le marché qu'il vise - celui des appareils à turbine de 6 tonnes - et par la quantité d'innovations qu'il intègre, ce nouveau venu a un avenir prometteur. Airbus a ainsi déposé 68 brevets pendant sa conception et peut se targuer de développer le premier hélicoptère à fuselage en composite. Le programme H160, dont la certification est attendue pour 2019, a également été un élément clé dans la transformation de l'outil industriel du groupe.

Bell Helicopter, numéro un américain des hélicoptères à turbines a accompli le développement et la certification de son modèle d'entrée de gamme phare, le 505 Jet Ranger X. Faisant appel à une structure en partie fabriquée en composite, l'hélicoptère de 1,6 tonnes a la lourde responsabilité de faire aussi bien que son prédécesseur à succès, le 206 Jet Ranger. Plus ambitieux encore, on peut citer le projet de l'entreprise suisse Kopter, fondée en 2007 avec l'idée de concevoir et produire un hélicoptère de 2,5 tonnes nouvelle génération. Le marché visé a du potentiel en termes de volume mais est déjà occupé par les Bell 429 et Airbus H135, des appareils rodés et appréciés par les opérateurs. L'hélicoptériste suisse annonce toutefois miser sur un produit aux performances supérieures et aux innovations multiples.

Mais l'innovation la plus attendue des prochaines années est incarnée par la nouvelle génération de transporteurs urbains électriques. Ces petits appareils autonomes à décollage vertical, qui devraient sillonner le ciel de nos grandes métropoles pendant la prochaine décennie, mobilisent toute l'attention de start-up innovantes comme Lillium, Joby Aviation ou Ehang. Airbus a aussi tout à fait compris qu'une filière d'avenir réside dans ce nouveau moyen de transport et a fait voler son aéronef autonome Vahana en janvier 2018. La concurrence s'annonce rude pour les nouveaux entrants ...

Loïck Laroche-Joubert, à Cranfield pour AeroMorning


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