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La vache et les pâturages !

Publié le 04 juillet 2008 par Unemarocaine

Suite à un billet d'Ibn Kafka intitulé "le contre rapport de l'AFDM sur la discrimantion de la femme au Maroc", j'avais posté un com qui a donné lieu à des réactions. Comme le sujet est intéressant, j'en ai profité pour en faire un billet.

Le com que j’avais posté est le suivant :

“Voilà donc une réforme facile - le gros du travail est fait, sur le papier du moins, depuis les réformes législatives du Code de la famille et du Code de la nationalité - pas chère et qui ne nécessiterait qu’un dahir publié au Bulletin officiel. Et pourtant…”

Effectivement certains sujets ont avancé sur le plan législatif reste à faire évoluer les mentalités. Et ça c’est une autre paire manche.
Je me rappelle qu’au moment du changement de la modouwana devenue le nouveau code de la famille, j’ai pris un taxi et le chauffeur m’a sorti toute une théorie sur le fait que dorénavant les femmes auront du mal à trouver des maris ! (sic) C’est la fin de la famille (re sic). Une fois qu’il a terminé son exposé qui a duré un bon quart-d’heure, je lui ai posé une seule question “accepteriez-vous qu’un homme malmène votre fille ou sœur juste parce qu’il a le titre de son “mari” ?” Il m’a répondu “non bien sûr que non”. Je lui ai dit “ben ce nouveau code de la famille n’a fait que rééquilibrer les choses un p’tit chewiya ! Il reste encore du chemin à faire”.
Si seulement ce discours était tenu par des gens qui n’ont pas bp d’instruction, je me rappelle l’avoir entendu de la bouche d’hommes cadres dans des multinationales des bacs + 5 dont certains ont fait leurs études en Europe ! Whate else…
Sans parler des juges censés appliqués ce code de la famille et qui traînent des pieds pour le faire.

Mais c’est surtout de la faute des femmes toute cette histoire. Elles font des études jusqu’au doctorat et une majorité écrasante d’entre elles ne leur viennent même pas à l’idée de questionner ne serait-ce qu’un p’tit peu le schéma mental hérité de leurs mamans qu’elles reproduisent à l’aveugle. Schéma mental qui était cohérent avec la société de nos parents mais qui ne l’est pas COMPLETEMENT par rapport à la notre. Et elles se plaignent après des comportements de leurs maris, leurs patrons, leurs frères et pire encore de leurs enfants. Mais ce sont elles qui éduquent les enfants. C’est à elles qu’incombent de faire évoluer les choses. Je ne sais pas si elles ne se rendent pas compte du pouvoir qu’elles ont ou bien si elles ne veulent pas le faire et se complaisent dans les lamentations ?!!!

Quand j’ai parlé du schéma mental hérité de nos mères et grand-mères qui n’est pas COMPLETEMENT (j’ai mis exprès l’adverbe en majuscule) en adéquation avec la société actuelle. C’est pour dire que tout n’est pas à mettre de côté ça sera tout simplement bête de suivre une telle démarche. Mais, il n’en demeure pas moins que s’obstiner à dire que tout est bien et beau dans le meilleur des mondes revient à se voiler la face ou chercher à cacher le soleil par la paume de la main !!!

Et quand j’ai parlé des femmes qui en sont responsables c’est pour dire que ce sont elles qui élèvent les enfants donc si elles veulent faire évoluer les choses, toutes les cartes sont entre leurs mains. Et ça sera une révolution tranquille ou plutôt un changement incrémental (je préfère cette expression).

Tiens, ça me fait penser à une anecdote. Il y a quelques années j’ai assisté à une discussion assez intéressante. C’était lors d’une petite réception organisée par mon frère ainé à laquelle étaient conviés ses amis avec leurs conjointes et des membres de la famille proche. Les femmes présentes étaient toutes des cadres. Chacune d’elles avaient au moins un bac+4. Dans la discussion, elles ont commencé à « se lamenter » des comportements de leurs maris et de leurs garçons qui ne donnent pas un coup de main à la maison. En revanche, les filles « t’bark Allah 3elihom » elles sont extras ! Elles aident à la maison et réussissent à l’école. Je les avais écoutées avec attention. J’avoue que j’ai été subjuguée par leurs propos. Elles parlaient comme si tout cet état de choses coulait de source, aller de soi, voire même était une fatalité !!! Un certain moment je n’ai pu me contenir, j’ai leur ai lancée « que vos maris ne vous aident pas je le comprends. Ils ont été élevés dans un modèle où la femme reste au foyer et l’homme bosse à l’extérieur. Répartition claire des tâches. [Elles sont la génération qui fait la transition donc elles sont « condamnées » à être des superwomen !] Mais, vos enfants c’est vous qui les éduquez, pourquoi diable vous ne leur apprenez pas à donner un coup de main à la maison ce que vous faites pourtant « naturellement » avec les filles. » Elles m’ont toutes fait la même remarque « on verra bien comment tu vas élever tes enfants » ! Qu’elles ne s’inquiètent surtout pas. Le tour de rôle sera la règle.

En fait, ce qui me dérange c’est cette spécialité que nous affectionnons tant à savoir « le mi-figue, mi-raisin » qui enfin de compte donne lieu à des situations bizarroïdes. On entame des évolutions mais on ne va pas jusqu’au bout. A titre d’exemple, on parle de l’« Émancipation des femmes » : vous avez le droit de faire des études et de travailler. Mais au même temps, vous devrez la boucler (!). Participer aux dépenses du foyer mais vous seules seriez chargées de l’entretien de ce foyer et mieux encore il faudra ménager l’égo de Monsieur sachant que certains ont des égos plus que démesurés !!! etc…

Cette hésitation fait que la schizophrénie est presque un état naturel chez bp. Des mecs qui veulent des femmes à la fois instruites, cordon bleu et muette comme une tombe ! Ben quoi il ne faut pas contredire Monsieur. Des femmes indépendants quand ça les arrange et fragiles et qui ont besoin de leur secours pour qu’ils se sentent rassurés dans leur masculinité. Des femmes vierges et au même temps expérimentées (!) c’est que ces messieurs n’ont pas de temps à perdre ! Bref, le tout et son contraire. Je suis impressionnée par le degré d’égoïsme de certains d’entre eux. Ils veulent tout sans céder sur rien absolument rien. Et je suis encore plus impressionnée quand je constate comment ils déploient, pardon s’évertuent, à instrumentaliser la religion à leurs fins. Je me rappelle encore comme si c’était hier d’une émission au lendemain de la fête de Al Fitr de 2003. Je suis passée voir ma meilleure copine, ils avaient mis la télé sur une chaîne satellitaire arabe qui diffusait une émission sur les droits et les obligations respectifs des conjoints. Le plus grave c’est qu’ils ont osé rajouter «dans l’islam ». Il aurait été plus judicieux de dire « dans notre interprétation de l’islam ». Invités de l’émission 4 cheikhs. Un égyptien, un autre palestinien, un autre syrien, et un autre du golf. Un échantillon assez représentatif. Pendant plus d’une heure, ils parlaient des obligations de la femme envers l’homme. La liste était incroyablement longue. Pour résumer, c’est limite si elle ne doit pas demander l’autorisation avant de respirer. Quand ils ont attaqué le chapitre de ses droits, ils étaient assez succincts. Mais, ils l’étaient encore plus quand ils ont parlé des obligations des hommes envers les femmes. Quant à leurs droits, ben ils avaient droit à bp de choses cela va de soi ! Excédée par ce que j’entendais, j’ai demandé à ma copine de changer de chaîne avant que je ne change autre chose…! Franchement, si je n’avais pas un minimum de connaissance en matière de religion, j’aurais confondu la culture, les traditions, les coutumes et l’islam et je me serais ainsi faite une piètre opinion de celui-ci.

Dans la langue française, dans des cas pareils, l’adage dit « vouloir le beurre et l’argent du beurre » et quand la personne est gourmande on rajoute « le sourire de la crémière ». Compte tenu de la gourmandise de certains mecs de chez nous, j’ai rajouté ma p’tite contribution à cet adage « la vache et les pâturages » !!! C’est ce que les économistes appellent l’intégration verticale c-à-d maîtriser la chaîne de bout en bout. Ex : pour fabriquer du papier, on va jusqu’à posséder une forêt.

Et si seulement ça s’arrêtait là. Cette hésitation fait pire encore : on casse l’ancien modèle et on ne met rien en place puisqu’on ne va pas au bout de la logique. On est en train de désagréger la solidarité familiale de voisinage etc… mais aucune solidarité nationale n’est mise en place. C’est carrément le chacun pour sa gueule. En Europe, l’émancipation de la femme s’est accompagnée par son indépendance financière. On peut même dire que la première est la résultant de la seconde. Pouvons-nous dire autant chez nous ? J’en doute très fort. Certaines catégories citadines l’ont réussies. Mais, les pesanteurs de la société sont là pour freiner le reste. Ce n’est pas surprenant puisqu’on n’a fait que la moitié du chemin. A qui profite cet état de choses ? Je dirai que tout le monde est perdant. Mais, une chose est sûre, il est plus profitable aux hommes qu’aux femmes.

Ca peut surprendre certains voire même paraître incohérent par rapport à ce qui précédait, mais à choisir entre cet état hybride et l’ancien système, perso, je choisis l’ancien système. Au moins celui-ci était cohérent. Il comportait certes bp d’injustices envers les femmes mais UNE BONNE PARTIE d’entre elles étaient réparées autrement. A ce titre, je ne sais pas pour vous mais, perso, le nombre de femmes capables d’accepter que leurs belles sœurs divorcées ou traversant une mauvaise passe viennent s’installer chez elles ou d’accueillir leurs beaux-parents, je peux les compter sur les doigts d’une main. Au-delà des contraintes financières, bp de femmes refusent actuellement le principe même d’avoir affaire à la belle famille ! A ce sujet, on entend maintenant des phrases du genre « Matekoni 3eroussa walakin be3ida 3ela nessabek » adressées à de jeunes filles ! (sic) Un exemple parmi tant d’autres.

Quant aux occidentaux, les dictats de la société moderne ou postmoderne sont bel et bien là. Les désillusions qui en découlent aussi comme l’idéologie selon laquelle « tout s’explique par la science et la technique » , le matérialisme comme seul mode de gouvernance ont atteint leurs limites. Tiens, je suis en train de lire le roman « la fascination du pire » de Florian Zeller, il traite de la libération sexuelle en occident, et de bien d’autres tels l’islam, les pays musulmans et le rapport entre les deux (« occident » et « orient »). Intéressant de lire de l’autocritique (qui nous manque tant) qu’il fait de l’« occident » mais aussi de se voir dans le regard que l’autre porte sur nous aussi dur et parfois déformé qu’il soit. Certains passages sur le Maroc et les marocainES m'ont interpellé.

Quant à la situation de la femme, en France, cas que je connais un p’tit chewiya, pour ce qui est des tâches ménagères, la règle d’or des hommes est encore « tu t’occupes de tout je m’occupe du reste » ! L'égalité en terme de rémuération cause tjrs tu m'intéresses ! Mais au moins eux ne cachent pas la poussière sous le tapis en feignant de ne pas la voir.

PS : pour ceux qui excellent dans l’art de l’interprétation à la guise de l’imaginaire, je précise que je n’ai aucune animosité envers qui que ce soit encore moins la gente masculine. Sauf quand il s'agit, de l'arbitre et de l'injustice. Et Si je m’exprime aussi librement c’est parce que je le dois, abstraction faite de ma langue pendue (!), à mon père et mes frères que je chéris tant.


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LES COMMENTAIRES (1)

Par 123456789w
posté le 17 mars à 15:16
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