C'est la quatrième année que je voyage, la troisième où je passe le gros de l'hiver au chaud. C'est aussi la troisième année où je n'ai plus de chez moi. J'ai mis toutes mes affaires en entrepôt en mai 2015, pensant que j'allais me réinstaller à l'automne. Et puis je suis repartie pour un autre hiver au chaud. Depuis, j'ai vécu chez l'un et chez l'autre. Une valise, un sac à dos et mon sac à mains comme seuls compagnons.
Se découvrir en voyage
J'ai appris beaucoup, durant ces années de nomadisme, notamment que je suis bien plus sociable et vivable avec du monde que je pensais. J'ai réalisé à quel point j'aime être et vivre avec des gens, et que ça se passe super bien, alors que j'ai passé la majeure partie de ma vie à vivre seule. Je croyais que je ne pouvais pas vivre avec des gens car j'avais mauvais caractère (me disait-on) et de peur de me sentir envahie ou coincée dans ma liberté.
C'est en vivant chaque jour de ces voyages auprès de gens différents que cette croyance s'est inversée. Aujourd'hui, je ne me vois plus vivre seule à long terme même si j'aimerai toujours, et aurai toujours besoin, de ma solitude de temps en temps.
J'ai vu combien je suis facile à vivre, à tolérer, à faire des compromis sans me sentir brimée et tout en me respectant. J'ai appris à apprécier chaque instant de vie et à remercier chaque jour d'avoir un toit, de la nourriture, un bon lit, de l'eau à boire et pour me laver. Quand on vit dans notre société, on ne se rend même pas compte que ce sont des cadeaux et que nous en sommes très privilégiés.
A travers ces quatre dernières années, j'ai beaucoup grandi intérieurement. J'ai vu comment tant de choses qui semblaient importantes sont en fait très relatives et même, certaines, tellement pas importantes. J'ai appris à vivre au jour le jour. A créer mon avenir en le projetant sur mon écran de vie tout en vivant chaque instant présent afin que ce futur puisse se réaliser tel que j'en ai envie. Une grande partie de ce futur n'a cependant actuellement aucune forme.
Un avenir inconnu
Je ne sais pas où je vais m'installer. Avec qui ? Quand ? Comment ? Que vais-je faire comme travail au Québec ? Comment vais-je " gagner " ma vie ? Je n'en ai pas d'idée, ou une toute petite. Je suis dans un " no-where " mais cela ne m'angoisse pas car j'ai confiance. La vie ne m'a jamais laissé tomber. Je sais que de belles choses vont se placer et se créer d'elles-mêmes.
Ces dernières années, j'ai appris à vraiment vivre le moment présent et faire confiance que tout va bien aller. Ce qui est sûr, c'est que la première étape que je veux réaliser, c'est me recréer un cocon de vie, un chez-moi. J'ai besoin de me déposer et de faire une sorte de bilan. Voir ce que je veux et ne veux plus pour créer clairement la suite de ma vie.
De belles relations
Ces derniers mois, j'ai vécu des expériences magnifiques dans mes ateliers et puis avec le groupe de huit femmes que j'ai guidé au Sri Lanka durant 18 jours. J'ai l'impression d'être enfin arrivée à vivre ce que je désirais depuis si longtemps. Des relations douces, respectueuses, de beaux échanges et partages, une belle conscience, du non-jugement, de la bienveillance, de l'entraide, de la gratitude les uns envers les autres.
Bien sûr, tout n'a pas plu mais on a toujours su regarder le meilleur plutôt que de se laisser envahir par le moins bon. On a su regarder avec conscience et honnêteté dans le miroir de notre être pourquoi certaines choses nous plaisaient moins et qu'est-ce qu'elles venaient déclencher en nous pour nous permettre de guérir de vieilles croyances et blessures.
Dans un autre groupe de femmes, où je ne pouvais pas être très présente à cause de mes occupations de voyages, certaines ont quitté, laissant place à pouvoir y installer mon énergie qu'elles ne comprenaient pas. Au lieu d'y voir un drame, j'ai remercié la vie qu'elles aient choisi ce chemin, laissant place à d'autres femmes magnifiques et sur la même longueur d'ondes que moi. Ensemble, nous cheminons en coeur et conscience vers nos buts.
Le voyage fait grandir
Petit à petit, à travers ces voyages dans le monde et dans mon coeur, j'ai aussi vu grandir la valeur que je me donne à moi-même, consciemment et inconsciemment. De toute petite et qui ne méritait pas grand-chose, je sens de plus en plus que je me permets de m'offrir et de recevoir plus et mieux.
Par exemple, la première année que je suis arrivée au Sri Lanka, j'ai vécu durant trois mois dans une famille de gens très simples avec qui j'ai vraiment vécu de beaux moments. Je me suis habillée dans le style que portaient les femmes de ce village. J'ai vécu très simplement avec elles. Avec beaucoup de bonheur mais très peu en termes de matériel.
Au début, je voyageais en tuktuks, petits taxis à trois roues, ce qui coûte plus cher que de prendre le bus. Les dames m'en ont fait la remarque et m'ont expliqué où et quand prendre les bus plutôt que de dépenser mes sous en tuktuks. Je croyais que c'était la vie là-bas et je m'y suis conformée, n'étant pas riche non plus. Je croyais que c'était aussi mon niveau de vie. C'était, en fait, celui que je me donnais.
Augmenter sa richesse intérieure et, du coup, extérieure
Avec les années, j'ai découvert les extrêmes de ce pays. L'extrême richesse et l'extrême pauvreté.
Alors que j'habitais au village, j'ai fait la rencontre d'une personne qui habite Colombo, le 31 décembre 2015. Petit à petit, son appartement est devenu mon pied-à-terre et elle, ma meilleure amie dans ce pays. Elle habite au 5e étage d'une résidence sécurisée où les loyers coûtent aussi chers qu'au Québec, dans un quartier assez huppé où les gens vivent plus comme nous que comme les gens du village, où les prix sont (très) élevés comparés aux villages du reste du Sri Lanka.
J'ai apprécié retrouver un certain confort, j'avoue, même si je peux vivre très simplement. En accueillant et appréciant ce confort, je me suis donné plus d'abondance. J'ai repris un habillement plus occidental tout en étant adapté aux normes et styles du Sri Lanka. Je suis sortie d'un espace de " pauvrette " dans lequel je croyais que je devais vivre pour être bien avec les gens du pays. Du coup, j'ai commencé à rencontrer d'autres styles de personnes, plus riches tout en étant aussi très simples et de coeur.
J'ai lu de temps en temps, au fil des années, que, pour devenir riche, on doit se tenir auprès de gens riches pour apprendre d'eux, pour grandir à leurs côtés, pour se donner et pour recevoir. Petit à petit, la vie m'amène à ça. Je le remarque, l'apprécie et commence à me le donner de façon plus consciente.
A ce titre, le fait de voyager en minibus dédié à notre groupe durant 18 jours, plutôt qu'en bus publics, trains et tuktuks, m'a offert une belle façon facile de voyager. Nous sommes aussi descendues dans de beaux hôtels simples mais plus luxueux que ceux que j'avais l'habitude de me permettre. C'est une façon confortable de voyager mais qui est loin des gens du pays, par contre, ce que je préfère quand même beaucoup pour faire de beaux échanges et de belles découvertes.
Le complexe de Cendrillon
Je ne remarquais pas, auparavant, à quel point j'avais toujours vécu comme Cendrillon, la fille du premier mariage qui devient la pauvrette lors du remariage de son père. Pour moi, ça a été le remariage de ma mère et la naissance des deux enfants avec ce deuxième mari, enfants qui ont pris toute la place. Même si je vivais dans une famille bourgeoise et aisée, j'avais imprimé dans mon esprit que " tout ça " n'était pas pour moi.
De tout temps, j'ai donc toujours cru, inconsciemment, que je ne pouvais recevoir que " juste assez ", que le bonheur et la richesse étaient pour les autres. Petit à petit, ces croyances se transforment doucement et je me permets de plus en plus de richesse. Par exemple, cette année, à Colombo, je me suis permise de prendre des taxis (voitures confortables) plutôt que des tuktuks et j'ai apprécié me donner ce confort (avec Pickme, ceci dit, le prix de la course est sensiblement le même en auto ou en tuktuk mais je ne le savais pas avant de faire le même trajet deux fois, une fois en auto et l'autre fois en tuktuk).
Je suis allée visiter un jour une maison à Hikkaduwa que j'aimerais peut-être louer l'hiver prochain. Le propriétaire est venu me chercher à la gare de la petite ville dans un gros 4×4 Nissan. C'est très loin d'un tuktuk. Il travaille dans le monde de la finance à Colombo et est manifestement riche. Il m'a amenée visiter la maison dans laquelle il a grandi et dont il a hérité. Une grande maison toute simple avec un petit jardin. Pas de confort. Comme la maison dans laquelle j'ai passé trois mois à l'hiver 2015-2016. Il me resterait à l'aménager à mon goût et à la rendre agréable. On a discuté agréablement de mon projet. Il s'est pris d'amitié pour moi (il est jeune et marié, ne vous faites pas d'idée !) et est resté en contact avec moi afin de m'aider à réaliser un projet que j'ai pour l'hiver prochain.
Cendrillon en moi est en train de préparer sa robe de bal afin d'oser se montrer bientôt sous un autre angle que la " pauvrette ". Oser être vue, reconnue, appréciée... 🙂
Je serai toujours un peu timide et je resterai toujours simple (tapez-moi sur l'épaule si ça me monte à la tête, d'accord ?!) mais j'affirme aujourd'hui que j'ai droit à la richesse financière et matérielle illimitée, laquelle me permettra d'avoir ma maison et de réaliser des rêves qui me tiennent à coeur, pour moi et pour d'autres, notamment de mettre sur pieds/compléter des projets d'aide humanitaire auprès des enfants pauvres/maltraités.
Bon, et si le Prince Charmant se présentait au bal, je l'accueillerais aussi les bras et le coeur grand ouverts 😉 !
Créer sa chance
Beaucoup de personnes pensent que je suis riche car je voyage et que j'ai de la chance de pouvoir le faire. Pas du tout. Je ne suis pas riche. Je vis agréablement mais très simplement. Et ma " chance ", je la crée et vous en parle dans cette vidéo tournée à l'Ile de la Réunion :
Petit à petit, on grandit, on comprend, on guérit, on reçoit, on apprécie, on crée, on remercie et on réalise nos rêves...
Je vous laisse avec quelques autres vidéos ci-bas pour vous faire voyager un peu... 🙂
PS : merci de laisser votre commentaire ci-bas plutôt que dans Facebook, qu'il reste avec l'article.
De tout coeur,
Dominique
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Au centre international de méditation Sri Bodhiraja de Rakwana au Sri Lanka, on a souvent la visite de singes qui viennent dans les arbres autour et même prendre à manger dans notre main sur la terrasse de la salle à manger.
Même si les barrières de sécurité sont baissées, les gens continuent de traverser les rails, notamment les jeunes adolescents en uniformes qui sortent de l'école.