Titre:
La Mille et Unième Nuit
Auteurs : Étienne Le Roux (scénario) et Vincent Froissard (dessin)
Éditeur :
Soleil
collection
: Métamorphose
Année :
2017
Pages
: 80
Résumé :
Le
sultan Shahriar a été trahie par sa première épouse. Depuis, il
exécute à l'aube chacune de ses nouvelles femmes. L'une d'entre
elles a réussi à ne pas se faire tuée, la belle Shéhérazade. La
jeune femme conte chaque nuit une histoire au sultan, parvenant ainsi
à le captiver et sauvant sa vie une journée de plus. Mais
Shéhérazade se fatigue et doit trouver de nouvelles histoires.
Cloitrée dans le palais, elle ne peut sortir. Heureusement, sa sœur
Dinarazade, elle, a sa liberté de mouvements. Elle se rend sur le
marché pour entendre les récits des caravanes venant de tous les
coins du monde. Mais il devient de plus en plus dur de trouver une
nouvelle histoire à raconter...
Mon
avis :
Une
magnifique histoire, un conte entremêlant plusieurs contes, et c'est
avec talent que Étienne Le Roux parvient à recréer tout au long de
cet album l'atmosphère envoutante des mille et une nuits. C'est un
plaisir de retrouver Shéhérazade mais aussi de découvrir le
sultan, le vagabond Nasrudin, son âne et son singe, le roi Baal'im
et son peuple, ainsi que le palais caché dans le désert que nul
n'est censé trouver, ou presque...
Une
magie où les ennuis s'accumulent et se mélangent, menaçant la vie
des protagonistes mais aussi de toute la ville de Rum où se déroule
l'histoire. Enfin, une partie de l'histoire.
C'est
dans le cumul des dangers que se soulève la question : « Mais
comment vont-ils s'en sortir ? » On sait déjà que le conte
doit trouver sa fin heureuse, et pourtant le récit nous garde en
haleine, nous procure le bonheur d'un voyage aux confins de
l'imaginaire et nous rassure sur le fait que l'amour peut remporter
les plus dangereux et les plus difficiles des combats, qu'il peut
pousser un homme à entreprendre la plus insensée des quêtes ou
encore qu'il peut entraîner une sœur à partir seule dans le
désert, sur un tapis volant.
L'amour
règne en maître autant qu'il se glisse par les interstices et
souffle sa présence.
La
magie de ce récit tient aussi à la magie de ce monde qu'il décrit.
En effet, Djinns mais aussi tapis volant, animaux parlant sont
monnaie courante dans cet univers et n'étonne plus personne. Bien au
contraire, ils sont source d'histoire et de récits légendaires que
tous veulent partager.
Frise, colonnade, nuit bleutée et sable ocre, toute la magie d'un autre monde...
Et
ce conte nous entraîne loin dans l'Orient des légendes grâce
également aux dessins de Vincent Froissard. Les pages sont
régulièrement ornées de riches arabesques rappelant les
décorations des palais arabes. La couverture ne donne qu'un petit
aperçu de ce qui vous attend à l'intérieur. Mais en plus de ces
frises magnifiques, le dessin intègre des textures de matière.
Parfois, on a l'impression que du sable, des coups de craie, des
textures minérales viennent se poser, se mêler au graphisme lui
donnant un poids et un charme indéniable. La nuit n'est pas noire
mais bien bleue, le sable n'est pas jaune mais bien ocre, et ainsi de
suite. Les colonnades et les architectures se densifient et toute ce
poids de la matière contribue à créer une ambiance ouatée, douce,
où l'on a l'impression que les sons ne résonnent pas, où tout se
dit par des chuchotements, sans cris.
Et cette poussière de sable ou brume nocturne qui flotte, on la toucherait presque...
Les
tonalités de couleur renforcent cet effet. Les cases dépourvues de
cadre donnent la possibilité de laisser sortir quelque chose du
cadre. Cette histoire magique, illustrée de main de maître, est
contenue dans un album élégant.
Un
recueil raffiné qui nous présente une belle histoire d'amour, ou
plutôt d'amours.
Cette
BD parlera à tous les amateurs de contes et de légendes, à tous
ceux qui cherchent à retrouver ces récits mystérieux de l'Orient.
Et si vous aimez les graphismes poussés et les illustrations
travaillées, les dessins originaux, mais alors vraiment, pourquoi
vous privez plus longtemps de ce voyage aux confins des terres du
royaume du sultan Shahriar ?
Zéda
et Shéhérazade !
David
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