À l’occasion de l’ouverture d’une nouvelle boutique du parfumeur Comptoir Sud Pacifique à Paris, j’ai rencontré Valérie Pianelli-Guichard à la tête de la Maison depuis 2011. Italienne de naissance mais Parisienne d’adoption, Valérie a plutôt un profil scientifique, de base. Après une maîtrise en biochimie et un doctorat en pharmacie, elle a fait ses armes au sein d’un des plus grands groupes pharmaceutiques français, Pierre Fabre.
Poussée par l’envie d’entreprendre, elle se lance en 2011 en rachetant Comptoir Sud Pacifique, maison familiale de plus de 35 ans, endormie depuis quelques années. Un vrai challenge qui ne l’a pas effrayé ! Sans l’aide de grands groupes ou d’investisseurs étrangers et dans un univers ultra concurrentiel, elle entend défendre l’identité de ce parfumeur de niche. Pari réussi puisque qu’aujourd’hui, la maison se porte à merveille !
Un parcours inspirant d’une entrepreneuse déterminée, qui nous fait découvrir le monde des parfumeurs.
L’Arrogante : Bonjour Valérie, vous êtes Italienne, pourquoi avoir quitté votre pays ?
Valérie Pianelli-Guichard : Par amour ! En fait, j’ai rencontré l’homme que j’ai épousé par la suite dans un trajet d’avion entre la France et l’Italie.
« Je suis une intuitive réfléchie. Cette opportunité s’est présentée, ma petite voix intime m’a dit qu’il fallait y aller ! ».
Comment arrive-t-on à la parfumerie, après des études scientifiques et dix ans dans le groupe pharmaceutique Pierre Fabre ?
Valérie Pianelli-Guichard : Presque par hasard… Autour de mes 40 ans, j’avais décidé de quitter le groupe où je travaillais pour poursuivre ma carrière en tant qu’entrepreneur. J’avais la maturité professionnelle nécessaire pour le faire et fondamentalement, c’était mon rêve! J’ai commencé à m’intéresser à une éventuelle acquisition et à ce moment-là, j’ai su que le dirigeant de Comptoir Sud Pacifique était en train de réfléchir à la cession de son entreprise. Le parfum n’était pas mon domaine professionnel mais j’étais déjà une passionnée ! Je suis une intuitive réfléchie. Quand cette opportunité s’est présentée, ma petite voix intime m’a dit qu’il fallait y aller !
Quel est le processus de création d’un parfum ?
Valérie Pianelli-Guichard : Pour Comptoir, il est très personnel. Je pars souvent d’une expérience vécue, d’un voyage, d’une rencontre, en somme d’un événement qui a laissé des traces dans ma sphère affective et que j’ai envie de transformer en souvenir olfactif pour le partager ! Comme je ne suis pas parfumeur, je fais appel à des nez qui m’accompagnent et vont mettre en formule les matières premières de mon choix. Chez Comptoir, nous travaillons avec un petit nombre de nez indépendants et des petites et moyennes maisons de composition toutes grassoises. Le travail est quasiment artisanal. Le processus de création est continu et nous travaillons sur plusieurs fragrances en même temps. Une fragrance est commercialisée seulement quand on la juge aboutie et cela peut prendre six mois, un an ou même deux… La dimension temps est un luxe et chez nous, la création n’a pas de contraintes de temps !
Peut-on parler de « tendances » dans le monde de la parfumerie ? Si oui, quelles sont les tendances de 2018 d’après vous?
Valérie Pianelli-Guichard : Bien sûr dans la parfumerie « sélective », on suit des tendances et des modes. Actuellement par exemple, la tendance est aux parfums fruités et floraux. Dans les marque de niche indépendantes, c’est différent car c’est souvent au sein de ces dernières que l’on explore de nouvelles matières ou de nouveaux territoires, il y a beaucoup plus de créativité et de liberté. Les enjeux commerciaux ne sont pas les mêmes que dans les grands groupes.
Est-ce que les eaux de parfum changent, réagissent différemment selon les saisons ?
Valérie Pianelli-Guichard : Ils ne changent pas selon les saisons, c’est juste une question de ressenti, d’usage ou d’envie. Lorsqu’il fait chaud en Europe, on va privilégier des parfums plus légers hespéridés ou aquatiques, mais au Moyen Orient même avec des températures qui dépassent parfois les 40 degrés, ils aiment porter des fragrances orientales épicées et lourdes !
« Un parfum, c’est comme un vêtement. Il doit correspondre à notre style, à notre personnalité ».
Avez-vous des conseils pour bien choisir son parfum ou son eau de toilette ?
Valérie Pianelli-Guichard : Un parfum, c’est comme un vêtement. Il doit correspondre à notre style, à notre personnalité. Il faut se sentir bien avec car il contribue à signer notre image auprès des autres !
D’après vous, si on se lasse d’un parfum, c’est qu’il ne nous correspondait pas finalement ? D’ailleurs, est-ce vrai que si on ne sent pas son parfum, c’est qu’il est en adéquation parfaite avec notre peau ?
Valérie Pianelli-Guichard : Lorsque l’on délaisse un parfum, il y une envie de changement peut-être parce qu’il ne nous correspond pas ou plus à 100%, nous sommes en perpétuel devenir. Le plus souvent, quand on a vraiment trouvé le parfum qui nous correspond même si on lui fait des infidélités, on y revient toujours. Effectivement, on finit par ne plus sentir notre parfum habituel et pourtant les autres nous identifient avec !
Quelles sont vos senteurs préférées ? quels souvenirs il vous évoque ?
Valérie Pianelli-Guichard : J’aime beaucoup les fleurs travaillées en légèreté, c’est pour moi l’évocation des jardins en méditerranée au printemps, mon enfance, ma jeunesse…
Quel est votre parfum préféré chez Comptoir Sud Pacifique ?
Valérie Pianelli-Guichard : Chez Comptoir, je porte Musc et Roses, j’y retrouve l’odeur des roses fraîches du jardin de ma maison de campagne en Sicile !
Quelle senteur définiriez-vous comme « arrogante », comme notre blog ?
Valérie Pianelli-Guichard : Si je peux changer le mot « arrogante » par « insolente » alors je choisirais un parfum très signé qui sort de l’ordinaire, qui se remarque sur la personne qui le porte. Mon choix va donc vers une belle vanille, la reine des épices. Chez Comptoir, du travail autour de la vanille, nous en avons le secret !
Merci Valérie !
Découvrez la nouvelle boutique Comptoir Sud Pacifique : 76 rue de Seine, Paris 6ème.
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