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L'oxygène disparaît des océans, les scientifiques tirent la sonnette d'alarme

Publié le 08 mars 2018 par Bioaddict @bioaddict
Une nouvelle étude parue en février 2018 confirme que les océans perdent leur oxygène. L'étendue touchée par le manque d'oxygène est aujourd'hui aussi vaste que le territoire de l'Union européenne. Cette asphyxie des milieux marins, causée par l'activité humaine, augmente le réchauffement climatique, met en danger la vie aquatique et les grands équilibres planétaires. L'oxygène disparaît des océans, les scientifiques tirent la sonnette d'alarme ¤¤ Sites côtiers où les charges en nutriments ont causé ou exacerbé la décroissance du contenu en oxygène jusqu'à des concentrations < 2 mg/l (< 63 µmol/l) (points rouges) et zones de minimum d'oxygène à 300 m de profondeur (concentrations en dégradé bleu). Carte construite à partir des données de R. Diaz, et du World Ocean Atlas (2009), qui couvre les 50 dernières années, mise à jour par les membres du GO2NE de IOC-UNESCO.

La production agricole (phosphates et nitrates issus des engrais) et le rejet des eaux usées contribuent largement à la désoxygénation de l'océan le long des côtes. Le milieu reçoit trop de nutriments, trop rapidement, avec pour conséquence une multiplication des algues et des bactéries. Ces dernières se nourrissent de cet excès de nutriment et consomment progressivement tout l'oxygène des eaux profondes.

Le changement climatique est quant-à-lui le principal responsable de ce phénomène en haute mer. Le réchauffement des eaux de surface empêche l'oxygène d'atteindre les profondeurs de l'océan. De plus, lorsque l'océan se réchauffe, il retient moins d'oxygène alors que la faune vivant dans les eaux plus chaudes a un besoin en oxygène plus important.


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Le Global ocean oxygen network, un groupe de travail créé en 2016 par la Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO, représentant 21 institutions dans 11 pays, a analysé les recherches menées sur la perte d'oxygène en milieux marins dans une étude publiée en février par la revue Nature. Elle confirme des résultats déjà parus en 2017 : les océans s'asphyxient. Plus grave : cette tendance devrait se poursuivre selon les scientifiques, et cela au fur et à mesure que la Terre se réchauffera.

Les océans manquent d'oxygène sur une étendue désormais aussi vaste que le territoire de l'Union européenne, soit plus de 4,5 millions de kilomètres carrés. Chaque année, ils perdent un milliard de tonnes d'oxygène; la perte a atteint plus de 2% depuis 1960.

En effet, le phénomène s'est surtout développé depuis le milieu de 20e siècle et il progresse d'environ un mètre par an dans le Pacifique et la Baltique. Mais pas seulement. L'océan Atlantique est lui aussi malade : une zone pauvre en oxygène en bordure du continent africain est aussi étendue que le territoire des Etats-Unis. Les régions côtières en général sont les plus touchées. Les sites à faible teneur en oxygène, aussi appelées les " zones mortes " ou presque aucune vie n'est aujourd'hui possible, y ont été multipliés par dix depuis les années 50. Plus de 500 zones présentent aujourd'hui une concentration d'oxygène inférieur à 2 mg/litre, le seuil souvent utilisé pour délimiter l'hypoxie. Avant 1950, moins de 10 % de ces sites souffraient d'hypoxie.

"Dans les "zones mortes" traditionnelles, comme celles de la baie de Chesapeake (Etats-Unis) et de la mer Baltique, la teneur en oxygène atteint des niveaux si bas que beaucoup d'animaux meurent asphyxiés" explique la rapport.

Les animaux marins menacés

Quelles sont les conséquences de cette situation ? Selon Nature, un bas niveau d'oxygène a des conséquences sur la reproduction, l'espérance de vie et le comportement de la vie marine. Des bas niveaux d'oxygène peuvent même altérer l'expression génétique des animaux et affecter les générations futures.

Les animaux doivent s'adapter à ce manque d'oxygène. Des changements de comportement sont déjà observés : les poissons des plus gros aux plus petits se déplacent en bancs plus petits dans les eaux riches en oxygène près de la surface, ce qui les rend plus vulnérables aux prédateurs et à la pêche.

Une autre conséquence des zones pauvres en oxygène est qu'elles accélèrent le réchauffement climatique. Au lieu de participer à l'oxygénation de la planète, elles émettent du protoxyde d'azote (N2O), un gaz à effet de serre jusqu'à 300 fois plus puissant que le dioxyde de carbone.

L'ensemble des conséquences est cependant difficile à prédire car les réactions se produisent en chaine. Enfin, d'autres phénomènes se conjuguent au manque d'oxygène tels que l'acidification des océans et le réchauffement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre sont en cause dans tous les cas.

Parmi les solutions préconisées par les chercheurs, la lutte contre le réchauffement climatique et contre les pollutions, côtières notamment (les engrais agricoles y contribuent) - ainsi que la création d'aires marines protégées où la faune pourrait trouver refuge.

"Près de la moitié de l'oxygène sur notre planète vient de l'océan. Un océan sain est vital à la pérennité de notre planète. Celui-ci contribue à l'économie locale, nationale et mondiale avec plus de 350 millions d'emplois à travers le monde. L'économie bleue ouvre d'immenses opportunités, notamment dans les pays en développement, à travers les énergies renouvelables, le tourisme, l'aquaculture, ou encore les biotechnologies. La désoxygénation constitue ainsi une menace pour tous ces bénéfices que l'homme tire des écosystèmes marins. (...) La survie de l'humanité est en jeu. Il n'est pas garanti que les activités de pêche artisanale puissent se délocaliser lorsque le manque d'oxygène détruira leurs récoltes ou fera fuir les poissons" préviennent les scientifiques.

Zoé Fauré

En complément : lire le communiqué du CNRS "Désoxygénation de l'océan : une grande étude en révèle les dangers et les solutions"


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