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Un exercice avec Philippe Mac Leod

Publié le 11 mars 2018 par Eric Acouphene
Dans le silence de la prière, les incessantes distractionspourraient nous décourager définitivement, si cette prise de conscience ne se manifestait pas déjà comme une libération. Une fenêtre s'ouvre, un rayon inattendu vient frapper le désordre de notre chambre intérieure. Nous devrions rendre grâce pour cet éveil, qui nous assure que notre monde mental n'est pas entièrement clos et que l'appel à un autre air ne cesse de retentir. La réaction immédiate est plutôt l'affliction, la honte, la déception devant notre indéfectible impuissance. Elle ne semble pourtant pas s'imposer comme un obstacle aux yeux du Seigneur, qui nous demande de veiller et vient nous secouer quand nous nous assoupissons. Les disciples, après la Résurrection, s'enferment dans la désillusion et refuseront d'accueillir la bonne nouvelle que leur apportent quelques femmes, puis des compagnons. Si le Christ leur reproche leur endurcissement, ce sont bien les mêmes, avec leurs faiblesses, leurs lourdeurs récurrentes, qu'il envoie comme témoins dans le monde entier. L'Esprit saint, qui nous apprend à prier, qui prie à l'intérieur de notre prière, ne s'offusque pas de nos pensées vagabondes, du manège bariolé et bavard de nos rêveries sans consistance. Il ne s'en afflige pas non plus, comme nous le faisons, mais se rappelle à nous en attirant notre conscience un peu en dessous des remous de notre crâne, pour nous replacer dans la présence que nous avons quittée un moment, par négligence ou simple inattention. 
Un exercice avec Philippe Mac Leod Et nous ressentons alors avec force que la vraie vie est là. Tout s'éclaire en un instant. Tout s'ouvre et respire plus largement. Nous retrouvons une sorte d'assise intérieure, le contact rétabli avec notre profondeur nous replace sur un axe. Nous sommes à nouveau orientés, la vie en nous se déploie et cesse de se mordre la queue en revenant constamment sur elle-même. Comme dans la parabole du fils prodigue, nous croyons nous affranchir et vivre notre vie, voir du pays et suivre enfin nos désirs. L'attention à la présence, la stabilité dans une demeure, si vaste soit-elle, finit par nous peser. Nous laissons alors courir l'imagination, ses chatoiements, son mouvement irrésistible, sans bien nous rendre compte que le manque déjà se fait ressentir plus au fond de nous, que l'âme crie famine. Le coeur ne pouvant pas se nourrir de ces enveloppes vides, la faim nous éveille et nous fait souvenir de l'unique présence dont nous avons réellement besoin.  L'essentiel n'est jamais ressenti comme essentiel, autrement dit comme notre nécessaire, avec cette urgence vitale qui le caractérise. Au contraire, même si nous lui reconnaissons ce caractère, dans notre existence il vient toujours en dernier, quand il nous reste un peu de temps. L'essentiel est finalement l'accessoire, le petit plus. C'est bien ce que nous expérimentons dans le silence de la prière. Cette difficulté ne tient pas à la pratique en elle-même, mais plutôt à la marche de notre existence que le silence intérieur éclaire parfois cruellement. Nous pouvons maintenant nous livrer à cet exercice en fermant les yeux, en descendant doucement dans le silence qui est le souffle du Seigneur présent en chacun de nous, en y revenant tranquillement chaque fois que nous nous en éloignons, sans nous agacer de nous-mêmes, sans exiger plus de notre nature, mais en misant tout sur la grâce qui nous reprend. La vie chrétienne n'est jamais que ce perpétuel réajustement, cette patiente réorientation. Le silence de la prière, jour après jour, redressera l'élan premier. ***** 

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