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Les frontaliers légitimes ou le syndrome de la minorité

Publié le 22 mars 2018 par David Talerman
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les frontaliers légitimes

Hier, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, la Commission fédérale contre le racisme rappelait à quel point les réseaux sociaux étaient un vecteur de choix pour diffuser des discours haineux et qu’il fallait être vigilant. Elle dénonçait notamment la présence de messages haineux et racistes envers des communautés spécifiques sur le site de la section « jeunes » d’un parti au pouvoir (qu’elle ne nomme pas dans son communiqué, alors je le ferai pour elle, c’est l’UDC) . Le racisme est partout et dans tous les pays, et la Suisse n’y échappe pas.

Les propos haineux envers les frontaliers sont légion

Si certains propos tenus à l’encontre des frontaliers sur ces mêmes réseaux sociaux ne peuvent pas être qualifiés de racistes, ils n’en sont pas moins parfois haineux.  À chaque sujet un peu polémique concernant les frontaliers, je lis les mêmes commentaires : des anti-frontaliers qui scandent « la Suisse aux Suisses » ou « Mort aux frontaliers » (en oubliant qu’ils recrutent eux-mêmes parfois des frontaliers, mais chut c’est un secret). C’est bien sûr inacceptable.

Quand les frontaliers « légitimes » dénoncent les frontaliers « illégitimes »

Ce qui l’est tout autant, et on en parle peu, ce sont les commentaires sur les réseaux sociaux de certains frontaliers qui prétendent qu’il y a frontalier et frontalier. Selon eux, la Suisse serait envahie de frontaliers venus d’ailleurs, c’est-à-dire de plus loin que les départements limitrophes de la Suisse.
Ces frontaliers là ne respecteraient pas l’esprit frontaliers, ne comprendraient pas la culture locale, alors que eux s’estiment être des frontaliers légitimes.

Tous les frontaliers ne se valent pas

Vous serez donc heureux de l’apprendre : tous les frontaliers ne se valent pas, il y a des « bons frontaliers » et des frontaliers « au rabais » et le critère qui les distingue est bien géographique : si vous êtes de la région vous êtes un bon frontalier, si vous venez d’ailleurs vous êtes un mauvais frontalier. J’aimerais savoir quelle proportion de frontaliers vivant en zone frontalière franco-suisse sont originaires de la région… Probablement pas beaucoup.

Dans la pratique, mais c’est une réflexion totalement personnelle, c’est surtout la capacité à s’adapter à la culture de l’autre et l’ouverture qui font selon moi la différence, car un étranger qui n’a pas compris qu’il n’était pas chez lui, que le pays ne fonctionnait pas comme le leur, et qui en plus la ramène et râle, induit un choc de culture difficilement réconciliable avec une bonne intégration. Et la provenance géographique n’a pas forcément de rapport avec cette ouverture, même s’il est vrai qu’en vivant localement on est forcément plus confronté à la culture helvétique.

Enfin, les mauvaises langues diront, pour les frontaliers du canton de Genève qui sont majoritairement français, que les genevois, réputés pour leur grande gueule (ce n’est pas moi qui le dit) ne supportent pas d’avoir en face d’eux des personnes qui l’ont encore plus grande 😉

Les frontaliers ont des discours proches de ceux dont ils sont eux-mêmes victimes

Ce qui est drôle, c’est que ces détracteurs ne se rendent probablement pas compte qu’ils adoptent un comportement dont ils sont parfois victimes et qu’ils dénoncent : les anti-frontaliers dénoncent les frontaliers qui dénoncent eux-mêmes ces « pseudo » frontaliers, chacun accusant l’autre minorité de piquer les emplois de l’autre.

Ce comportement est ultra classique, et vous le retrouverez dans beaucoup de pays : une minorité, montrée du doigt par une majorité, trouvera une minorité au sein de sa propre minorité et lui imputera les maux que la majorité lui reproche : une belle stratégie d’évitement. En clair, « c’est pas moi, c’est les autres. »

En conclusion : mais arrêtez donc cette folie !

Frontaliers et résidents vivent tous dans le même bassin. Les études montrent que les étrangers, loin de voler les emplois des locaux, sont des créateurs de valeur et d’emploi pour les cantons frontaliers. Ne serait-ce pas le temps de se réconcilier, de se comprendre et de s’apprécier pour mieux se respecter ?

PS : il faut que je fasse attention, je commence à faire du Grégory Logan dans ma conclusion, je vais me prendre un méchant hashtag


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