Street art délocalisé
Franchissez le Pont de Pierre, tournez à gauche, longez la Garonne pendant un bon kilomètre. Maintenant éloignez-vous de la promenade encombrée, quittez les quais, bifurquez à droite, traversez la chaussée, attention elle est passante, laissez la caserne Niel aux familles bobo écolo, et osez emprunter ce chemin caillouteux d’où sort un monsieur qui reboutonne le bouton de sa braguette, sa vessie enfin libérée. Ne craignez rien, tentez l’expérience, enfoncez-vous entre ses deux murs lézardés de lierre robuste. Les herbes mouillent le bas de votre pantalon qu’importe… vous entrez dans le nouveau domaine des graffeurs. La ville les a expulsés du centre-ville puis délogés des extérieurs maintenant ils sont relégués sur l’autre rive et c’est là, dans ce chemin de traverse que personne ne connait encore, qu’ils se retrouvent bombes à la main. Les murs parlent, le lierre devient argenté, rose, blanc …. Le kilomètre de mur est peint puis repeint de nombreuses fois enfin photographié pour garder une trace … Ici, seuls la musique de petites enceintes des artistes et le cliquetis de la bille secouée dans la bombe de peinture perturbent le silence … La ville semble si loin….
Virginie Perchais