Fanny, j’ai eu la chance de la rencontrer pour l’ouverture du centre de yoga Qee dans le 17ème arrondissement, dont elle s’occupe. Dès ses premières paroles, j’ai tout de suite compris que son approche était précise, douce et très humaine. Attentionnée, c’est vraiment le mot qui la qualifie, car oui, venir à un cours de Fanny, c’est se rapprocher d’elle, créer une bulle où l’on respire, où l’on travaille les moindres parties de son corps avec souplesse et évasion. Son amitié avec certains de ses élèves, le souvenir des prénoms, des postures de chacun.e.s, c’est son quotidien.
Interview en détails de cette prof de yoga si singulière, attachante et passionnée. Et en bonus, de vrais conseils à appliquer pour une pratique en toute sérénité !
Fanny par le photographe Anto Hinh-Thai L’arrogante : Hello Fanny, peux-tu me raconter comment es-tu arrivée au yoga ? Fanny Douarche : C’était en 2008. Une amie qui en faisait déjà a insisté pour que je l’accompagne. Comme je n’étais pas motivée, elle m’a promis qu’on irait manger dans un très bon restaurant de canard laqué après le cours. Le canard m’a convaincue ! Mais rien ne s’est déroulé comme prévu, bien évidemment. Le cours m’a littéralement happée. J’ai pleuré pendant savasana, avec un sentiment mêlé de vertige et de profonde sérénité. Nous ne sommes jamais allées au restaurant, j’ai préféré rentrer doucement à pied. Résultat, 10 ans plus tard, je suis professeure de yoga et végétarienne… Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la pratique ? Fanny : J’ai souvent l’impression de ne pas être à ma place ou d’avoir du mal à la trouver, mais jamais quand je pratique. Il y a une forme d’évidence et de joie dans le fait d’être purement et simplement là. Et puis, c’est une exploration infinie qui fait naître en moi une profonde gratitude à l’égard de la vie et du corps qui m’ont été offerts. Quel yoga enseignes-tu chez Qee ? Fanny : J’enseigne le yoga Iyengar. Qu’est-ce qui est important de garder en tête en faisant du yoga ? Pour ne pas se blesser ? Fanny : Le plus important, selon moi, est de se détacher de la forme extérieure de la posture pour sentir ce qui est à l’œuvre à l’intérieur de notre corps et notre mental. C’est justement pour ça que j’aime autant le yoga Iyengar : c’est une méthode qui a pour objectif d’offrir une pratique en toute sécurité et de nous connecter à ce qui est juste pour nous. Nous donnons beaucoup d’indications sur le placement des différents segments du corps, nous utilisons tous les supports imaginables et nous sommes très vigilants quant à la façon de séquencer les postures pour éviter tout déséquilibre sur le plan énergétique. Quelle parisienne es-tu ? Comment s’inscrit ta pratique dans ton quotidien ? Fanny : Pour être honnête, je n’aime pas trop Paris. Il y a trop de tout, sauf de nature. Du coup, j’adore les endroits plus organiques, comme le canal de l’Ourcq et les parcs, parce qu’il y a de l’eau, de la terre, des plantes et qu’on peut voir le ciel. Le reste du temps, c’est le yoga qui m’offre des espaces de respiration. Je prends des cours chaque semaine avec ma prof, Cristina Costa. J’ai également la chance d’être responsable d’un studio dans le 17ème – le studio Qee Nollet. J’y vais quand il n’y a pas de cours, j’ai la salle pour moi seule, c’est un pur bonheur. Et hors tapis, je fais de mon mieux pour respecter les yama et niyama, qui sont les principes et valeurs fondatrices du yoga. Aurais-tu des conseils aux lecteurs / lectrices qui veulent s’y mettre, à la maison ? Ou alors en faire plus régulièrement ? Fanny : Quand on envisage d’en faire chez soi, souvent deux problèmes se posent : trouver la motivation pour franchir le pas et savoir quoi faire. Pour la motivation, je recommande de revoir ses objectifs. Commencez par quelques minutes d’étirements au calme et laissez votre corps vous en réclamer davantage. Pour ce qui est des postures à faire chez soi, les plateformes de vidéos en ligne sont une super opportunité (plus qu’un livre, je trouve). Le centre pour lequel je travaille en a créé une super récemment : MyQee.fr, avec aussi du Pilates, du stretching, de la méditation. Impossible de ne pas trouver chaussure à son pied ! Fanny en posture, copyright de Anto Hinh-Thai Je crois savoir que tu es jeune maman. Est-ce compatible avec ta pratique ? Fanny : Ahah j’ai essayé de pratiquer chez moi, notamment pour que notre fille soit habituée au yoga et, qui sait, lui donner envie… Mais à chaque fois, elle est venue me monter dessus ou me mettre les doigts dans les yeux… Et faire des postures sans être concentrée a un effet « coquille vide » peu agréable. Alors comme j’ai la chance de pouvoir pratiquer ailleurs, quand je suis avec elle, je suis vraiment à fond. C’est la plus grande joie du monde ! Est-ce qu’avec l’hiver, le froid, le yoga peut apporter un réconfort, un dynamisme ? Fanny : Les deux ! J’aime l’idée de se mettre au diapason avec la nature et de profiter de l’hiver pour ralentir, prendre le temps dans les postures. Une fois le corps plus ouvert et le mental plus clair, on a bien plus d’énergie et de motivation pour affronter le froid et le manque de luminosité. Pour toi, quelle est la posture la plus arrogante, comme le nom de notre blog ? Fanny : L’arrogance, n’est pas de mise dans le yoga, bien au contraire. Mais quand même… La posture de Rajakapotasana, le pigeon royal, me semble bien correspondre, avec une poitrine fièrement ouverte et surtout un pigeon qui s’impose comme Roi ! Crédit photo de couverture : Anto Hinh-Thai