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Sur quelques absurdités quotidiennes dans les sciences sociales (17)

Publié le 04 avril 2018 par Antropologia

Interdisciplinarité.

L’interdisciplinarité se présente toujours de façon favorable alors qu’elle tombe facilement dans le ridicule. Prendre un objet quelconque, convoquer différents chercheurs, un chimiste, un politologue, un historien et pourquoi pas un anthropologue et les faire parler à ce propos (je n’invente rien), ne sert évidemment à rien. Ce collage ne réclame aucune réflexion, aucun dialogue et pourtant il est affublé de l’appellation interdisciplinarité et je parle d’expérience.

Il est pourtant possible d’organiser des échanges féconds à condition qu’ils soient possibles. Quand Le Roy Ladurie disait que l’histoire était une discipline prédatrice, il montrait qu’elle avait su aller chercher dans d’autres disciplines – surtout l’anthropologie en l’occurrence – les instruments de son renouvellement. Il n’est pas nécessaire de rappeler le résultat, l’extraordinaire succès de la « nouvelle histoire », même si la « microhistoria » italienne et le « new historicism » américain l’ont dépassée depuis. L’anthropologie a fait de même avec la linguistique (le structuralisme avec Jakobson, l’ethnopragmatique avec Duranti) mais aussi avec d’autres disciplines, comme l’histoire, la philosophie (Wittgenstein, Austin…), les études littéraires…

Mais cette interdisciplinarité nécessaire et féconde implique un langage commun – objet et notions pour la philosophie, analyse des informations pour l’histoire, poétique pour les études littéraires…- qui permet non seulement un dialogue mais aussi la circulation des objets, des notions et des démarches. Evidemment, cette interdisciplinarité pose  des exigences qu’ignorent les collages dénoncés plus haut.

Bernard Traimond


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