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Louis II de Bavière et le théâtre, un article de la Revue bleue (1911)

Publié le 06 avril 2018 par Luc-Henri Roger @munichandco
Louis II de Bavière et le théâtre, un article de la Revue bleue (1911) La Revue politique et littéraire est une revue hebdomadaire, fondée en 1863 par Eugène Yung, publiée sous des titres divers jusqu'en 1939. Plus connue sous le nom de Revue bleue, de la couleur de sa couverture, par opposition à la Revue scientifique ou Revue Rose, son dernier directeur fut Paul Gaultier De 1908 à 1918 elle fut dirigée par Paul Flat.
Le 26 août 1911, Jacques Lux y publiait dans sa Chronique un court article bien informé sur Louis II de Bavière et le théâtre.
LOUIS II DE BAVIÈRE ET LE THEATRE
Toutes sortes de légendes ont couru sur les célèbres représentations que Louis II de Bavière organisait pour lui seul; le bruit s’est même répandu que Louis II éprouvait le plus grand plaisir à voir dans des pièces cruelles et sanguinaires les acteurs « torturés jusqu'à la mort ». Rien de cela n'est exact.  A. Dreyer le prouve dans un article sur "Les poètes de cour de Louis II" que publie la Revue allemande de Stuttgard.
Comme le roi, dans sa misanthropie grandissante, désirait jouir des œuvres dramatiques, sans être importuné par une curiosité blessante, il essaya d'abord de se rendre à une répétition principale : mais cela ne lui suffit pas et il commanda quelques représentations pour lui seul. On choisit pour cela des pièces qui n‘avaient pas encore été jouées et qui procuraient au roi le charme piquant d’une "première" qui lui fût réservée. 
Bientôt s'élevait chez le roi le désir de voir Louis XIV et Louis XV, principalement le roi-soleil, mêlés à l’action de ces pièces ou même en former le rôle principal. C’est ainsi que des pièces comme la comédie de Dumas père : Un mariage sous Louis XV ou bien la pièce de Scribe : Salvoisy durent seulement au penchant du roi pour de tels sujets l’honneur d’une représentation particulière. 
Peu après le roi exigea de ses traducteurs, Fresenius et Scheengans, qu'ils prissent la peine d'introduire d'eux-mêmes, les hommes importants de la cour de Louis XIV, comme Racine, Molière ou d'autres personnages de l'époque; ils devaient dessiner ces figures dans le sens que leur marquait sa propre fantaisie.
En 1874 il alla plus loin. Sur des données insuffisantes,  un poète désigné par lui devait écrire un drame. La plupart du temps le roi avait en tête quelque scène dramatique et il exigeait que ses désirs à ce sujet fussent rendus jusque dans les plus petites particularités. Les trois poètes de cour qui exercèrent leur activité sous sa direction furent Louis Schneegans, Hermann Schmid et Charles Auguste de Heigel. Schneegans a composé 3 drames pour Louis Il dont Le chemin de la patrie est le plus riche en scènes saisissantes et en fraîches couleurs. Le sujet traite des tendres relations de Louis XIV et de Lavallière, ainsi que du mariage malheureux de Molière avec Armande Béjart. 
Le plus important du groupe de ces poètes de cour fut incontestablement Heigel. Ses œuvres avaient attiré l’attention du roi qui, en 1878, demanda à l’auteur de prendre comme sujet du drame la première représentation de l’Esther de Racine par les élèves de Saint-Cyr. Heigel acquiesça. Ce n’était pas facile de satisfaire les exigences de Louis ; c’est ainsi que le roi exigea, au mois d’août, que, dans cette pièce, le duc de Bourgogne parût et qu’il fût dessiné surtout d’après les mémoires de Saint-Simon et d’après certaines sources sur lesquelles il devait donner des précisions un peu plus tard. Pour ses autres drames aussi Heigel eut maintes difficultés à  remplir les désirs de Louis. L’Ingénu Althayer lui-même reconnu que son Testament de Charles était le plus ennuyeux drame qui ait jamais été écrit. Ce qui est certain, (comme l’a fait remarquer aussi Fossart), c’est que Heigel remplit ses fonctions non seulement avec une rare habileté, mais encore avec une réelle force créatrice et plus d’un de ces drames de poète de cour sera un jour ou l’autre repris sur la scène allemande.                                                                                               
Jacques Lux.

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