D’ autres escales à Sète

  CHRONIQUE

  Jacques Blin

Vieux gréements, des voiles qui claquent, des bateaux qui font rêver sur les aventures des marins d’autrefois. A l’image de L’Hermione, beaucoup furent navires de guerre et au delà de leurs galbes façonnés par le dur travail des charpentiers,des calfats et autres gabiers attentifs aux caprices des voiles,ils furent aussi des navires utilisés par les pouvoirs politiques pour éloigner les êtres humains luttant pour la liberté et la démocratie.

  Nombreux furent ceux qui firent  » escale à Sète « . Ainsi en avril 1848, Abd El Kader, celui qui s’opposa à la conquête de l’Algérie par la France,fit escale à Sète avant de partir pour être interné dans un château à Pau.En décembre 1851, une quinzaine d’ héraultaises et près de 1500 héraultais qui s’opposèrent au coup d’état de Napoléon III furent déportés en Algérie. Beaucoup firent escale à Sète avant d’être embarqués soit sur L’Éclaireur, Le Grondeur ou Le Dauphin.

  En décembre 1902, des inculpés de Marguerite en Algérie débarquèrent à Sète avant de passer devant la cour d’assises de Montpellier.Ils s’étaient révoltés contre l’arbitraire colonial qui les avait dépossédé de leurs terres.

  Le 29 janvier 1939, à bord de chalutiers, près de 300 réfugiés d’Espagne firent escale à Sète. En mai 1939, Le Sinaïa, venant de Port-Vendres fit escale à Sète avec à son bord 1800 réfugiés espagnols avant leur départ pour le Mexique. En 1947, L’exodus quittait Sète avec 4500 personnes à son bord.

  Plus près de nous, nombre d’êtres humains que l’on appelaient les  » marins perdus « , navigant sur des bateaux poubelles, firent des escales involontaires à Sète, délaissés par des armateurs sans scrupule.

  Escale à Sète a voulu s’inscrire dans la partie maritime de la guerre 14-18, mais je pense qu’il était nécessaire d’inscrire aussi ces escales dans l’histoire du port.